Histoire de la Révolution française, VIII.

Adolphe Thiers
떸Histoire de la Révolution fran?aise, VIII.

The Project Gutenberg EBook of Histoire de la Révolution fran?aise, VIII.
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Title: Histoire de la Révolution fran?aise, VIII.
Author: Adolphe Thiers
Release Date: May 7, 2004 [EBook #12295]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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HISTOIRE DE LA RéVOLUTION FRAN?AISE
_PAR M.A. THIERS_ DE L'ACADéMIE FRAN?AISE
NEUVIèME EDITION
TOME HUITIèME
MDCCCXXXIX

HISTOIRE DE LA RéVOLUTION FRAN?AISE.
DIRECTOIRE.
CHAPITRE PREMIER.
NOMINATION DES CINQ DIRECTEURS.--INSTALLATION DU COUPS LéGISLATIF ET DU DIRECTOIRE.--POSITION DIFFICILE DU NOUVEAU GOUVERNEMENT.--DéTRESSE DES FINANCES; DISCRéDIT DU PAPIER-MONNAIE.--PREMIERS TRAVAUX DU DIRECTOIRE.--PERTE DES LIGNES DE MAYENCE.--REPRISE DES HOSTILITéS EN BRETAGNE ET EN VENDéE.--APPROCHE D'UNE NOUVELLE ESCADRE ANGLAISE SUR LES C?TES DE L'OUEST.--PLAN DE FINANCES PROPOSé PAR LE DIRECTOIRE; NOUVEL EMPRUNT FORCé,--CONDAMNATION DE QUELQUES AGENS ROYALISTES.--LA FILLE DE LOUIS XVI EST RENDUE AUX AUTRICHIENS EN éCHANGE DES REPRéSENTANS LIVRéS PAR DUMOURIEZ.--SITUATION DES PARTIS A LA FIN DE 1795.--ARMISTICE CONCLU SUR LE RHIN,--OPéRATIONS DE L'ARMéE D'ITALIE.--BATAILLE DE LOANO.--EXPéDITION DE L'?LE-DIEU.--DéPART DE L'ESCADRE ANGLAISE.--DERNIERS EFFORTS DE CHARETTE; MESURES DU GéNéRAL HOCHE POUR OPéRER LA PACIFICATION DE LA VENDéE.--RéSULTATS DE LA CAMPAGNE DE 1795.
Le 5 brumaire an IV (27 octobre 1795) était le jour fixé pour la mise en vigueur de la constitution directoriale. Ce jour-là, les deux tiers de la convention, conservés au corps législatif, devaient se réunir au tiers nouvellement élu par les assemblées électorales, se diviser en deux conseils, se constituer, et procéder ensuite à la nomination des cinq directeurs chargés du pouvoir exécutif. Pendant ces premiers instans consacrés à organiser le corps législatif et le directoire, les anciens comités de gouvernement devaient demeurer en activité, et conserver le dép?t de tous les pouvoirs. Les membres de la convention, envoyés soit aux armées, soit dans les départemens, devaient continuer leur mission jusqu'à ce que l'installation du directoire leur f?t notifiée.
Une grande agitation régnait dans les esprits. Les patriotes modérés et les patriotes exaltés montraient une même irritation contre le parti qui avait attaqué la convention au 13 vendémiaire; ils étaient remplis de craintes; ils s'encourageaient à s'unir, à se serrer pour résister au royalisme; ils disaient hautement qu'il ne fallait appeler au directoire et à toutes les places que des hommes engagés irrévocablement à la cause de la révolution; ils se défiaient beaucoup des députés du nouveau tiers, et recherchaient avec inquiétude leurs noms, leur vie passée, et leurs opinions connues ou présumées.
Les sectionnaires, mitraillés le 13 vendémiaire, mais traités avec la plus grande clémence après la victoire, étaient redevenus insolens. Fiers d'avoir un instant supporté le feu, ils semblaient croire que la convention, en les épargnant, avait ménagé leurs forces et reconnu tacitement la justice de leur cause. Ils se montraient partout, vantaient leurs hauts faits, débitaient dans les salons les mêmes impertinences contre la grande assemblée qui venait d'abandonner le pouvoir, et affectaient de compter beaucoup sur les députés du nouveau tiers.
Ces députés, qui devaient venir s'asseoir au milieu des vétérans de la révolution, et y représenter la nouvelle opinion qui s'était formée en France à la suite de longs orages, étaient loin de justifier toutes les défiances des républicains et toutes les espérances des contre-révolutionnaires. On comptait parmi eux quelques membres des anciennes assemblées, tels que Vaublanc, Pastoret, Dumas, Dupont (de Nemours), et l'honnête et savant Tronchet, qui avait rendu de si grands services à notre législation. On y voyait ensuite beaucoup d'hommes nouveaux, non pas de ces hommes extraordinaires qui brillent au début des révolutions, mais quelques-uns de ces mérites solides qui, dans la carrière de la politique, comme dans celle des arts, succèdent au génie; et par exemple des jurisconsultes, des administrateurs, tels que Portalis, Siméon, Barbé-Marbois, Tron?on-Ducoudray. En général, ces nouveaux élus, à part quelques contre-révolutionnaires signalés, appartenaient à cette classe d'hommes modérés qui, n'ayant pris aucune part aux événemens, et n'ayant pu par conséquent ni mal faire ni se tromper, prétendaient aimer la révolution, mais en la séparant de ce qu'ils appelaient ses crimes. Naturellement ils devaient être assez disposés à censurer le passé; mais ils étaient déjà un peu réconciliés avec la convention et la république par leur élection; car on pardonne volontiers à un ordre de choses dans lequel on a trouvé place. Du reste, étrangers à Paris et à la politique, timides encore sur ce théatre nouveau, ils recherchaient, ils visitaient les membres les plus considérés de la convention nationale.
Telle était la disposition des esprits le 5 brumaire an IV. Les membres de la convention réélus
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