Histoire de St. Louis, Roi de France | Page 9

Richard de Bury
L'irr��solution de ce prince fut le salut de la France. Hubert du Bourg, �� qui il avait les plus grandes obligations pour lui avoir conserv�� sa couronne, ��tait tout son conseil. Ce ministre, gagn�� peut-��tre par la r��gente de France, comme on l'en soup?onnait en Angleterre, s'opposa, presque seul, �� la proposition qu'on fit au roi de passer en France, et son avis fut suivi. Il se fit m��me, cette ann��e, une tr��ve d'un an entre les deux couronnes: ce qui n'emp��cha pas le roi d'Angleterre d'envoyer un corps de troupes anglaises au comte de Bretagne. Ayant fait avec ces troupes, jointes aux siennes, quelques courses sur les terres de France, il fut cit�� �� Melun, pour compara?tre �� la cour des pairs; et, sur le refus qu'il fit de s'y rendre, on le d��clara d��chu des avantages que le roi lui avait faits par le trait�� de Vend?me. Ensuite ce prince partit de Paris avec la reine r��gente, et marcha avec son arm��e pour aller punir le comte de Bretagne. Louis vint mettre le si��ge devant le chateau de Bellesme, place tr��s-forte, qui avait ��t�� laiss��e en la garde du comte, par le trait�� de Vend?me. La place fut prise en peu de temps par capitulation. Aussit?t apr��s, les Anglais, m��contens du comte de Bretagne dont les grands projets n'avaient abouti �� rien, moins par sa faute que par celle de leur roi, retourn��rent en Angleterre.
Quelque ascendant que le roi, conduit par les conseils de la reine sa m��re, e?t pris sur ses vassaux par la promptitude avec laquelle il avait r��prim�� leur audace, cependant la France n'en ��tait pas plus tranquille; et l'on voyait sous ce nouveau r��gne, comme sous les derniers rois de la seconde race, et sous les premiers de la troisi��me, tout le royaume en combustion par les guerres particuli��res que les seigneurs se faisaient les uns aux autres pour le moindre sujet; mais elles faisaient un bon effet, en suspendant les suites de la jalousie et de la haine que la plupart avaient contre la r��gente. Comme l'��tat se trouvait assez tranquille cette ann��e, elle n��gocia heureusement avec plusieurs seigneurs qu'elle mit dans les int��r��ts du roi son fils, en les d��terminant par ses graces, par ses bienfaits, et par ses mani��res agr��ables et engageantes �� lui rendre hommage de leurs fiefs; affermissant par ce moyen, autant qu'il lui ��tait possible, l'autorit�� de ce jeune prince; mais elle ne put rien gagner sur le comte de Bretagne.
C'��tait un esprit indomptable, qui, voyant la plupart des vassaux du roi divis��s entre eux, ne cessait de cabaler, et fit si bien, par ses intrigues aupr��s du roi d'Angleterre, que ce prince se d��termina enfin �� prendre la r��solution de faire la guerre �� la France, et d'y passer en personne.
L'ann��e pr��c��dente, il avait assembl�� �� Portsmouth une arm��e nombreuse. Il s'��tait rendu en ce port avec tous les seigneurs qui devaient l'accompagner; mais, lorsqu'il fut question de s'embarquer, il se trouva si peu de vaisseaux, qu'�� peine eussent-ils suffit pour contenir la moiti�� des troupes. Henri en fut si fort irrit�� contre Hubert du Bourg, son ministre et son favori, qu'il fut sur le point de le percer de son ��p��e, en lui reprochant qu'il ��tait un tra?tre qui s'��tait laiss�� corrompre par l'argent de la r��gente de France. Le ministre se retira pour laisser refroidir la col��re de son ma?tre. Quelques jours apr��s, le comte de Bretagne ��tant arriv�� pour conduire, dans quelqu'un de ses ports, l'arm��e d'Angleterre, selon qu'on en ��tait convenu, il se trouva frustr�� de ses esp��rances: n��anmoins, comme il s'aper?ut que le roi, apr��s avoir jet�� son premier feu, avait toujours le m��me attachement pour son ministre, il prit lui-m��me le parti de l'excuser, et il r��ussit si bien qu'il le remit en grace, s'assurant, qu'apr��s un pareil service, du Bourg ne s'opposait plus �� ses desseins.
Avant de partir pour retourner en Bretagne, le comte voulut donner une assurance parfaite de son d��vouement au roi d'Angleterre: il lui fit hommage de son comt�� de Bretagne, dont il ��tait redevable au seul Philippe-Auguste, roi de France; et, comme il savait que plusieurs seigneurs de Bretagne ��taient fort contraires au roi d'Angleterre, il ajouta, dans son serment de fid��lit��, qu'il le faisait contre tous les vassaux de Bretagne, qui ne seraient pas dans les int��r��ts de l'Angleterre. Henri, en r��compense, le remit en possession du comt�� de Richemont et de quelques autres terres situ��es en Angleterre, sur lesquelles le comte avait des pr��tentions. Il lui donna de plus cinq mille marcs d'argent pour l'aider �� se soutenir contre le roi de France, et lui promit qu'au printemps prochain il l'irait joindre avec une belle arm��e.
Le comte ��tant de retour et assur�� d'un tel appui, ne m��nagea plus rien: il eut la hardiesse de
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