elles contenaient ensemble 20 arpents, étaient couvertes de saussaies et d'oseraies, et furent vendues en 1645 pour être réunies à la rive gauche.
7o L'?le du Gros-Caillou ou des Cygnes, grand banc de sable situé en face de Chaillot et qu'on a détruit en 1820.
CHAPITRE III.
?LE SAINT-LOUIS.
Les ?les Notre-Dame et aux Vaches, qui ont formé l'?le Saint-Louis, n'étaient séparées que par un petit canal qui occupait à peu près (p.009) l'emplacement de la rue Poultier. Elles étaient assez élevées, couvertes de prairies, bordées de peupliers et appartenaient à l'église Notre-Dame de temps immémorial, car l'on trouve que Charles-Martel enleva à cette église la propriété de ces ?les et que Charles-le-Chauve la lui restitua en 867. Une fête y fut donnée en 1313 par Philippe-le-Bel[1]; on y prêcha une croisade, et le roi, avec ses deux fils, y prit la croix. En 1614, Christophe Marie, architecte, de concert avec deux financiers nommés Regratier et Poultier, obtint la concession de ces deux ?les à la condition de les réunir, de les border de quais, d'y construire des rues et des maisons, enfin de les faire communiquer par un pont avec la ville. Le pont Marie et les rues Regratière et Poultier rappellent les noms des trois hommes qui commencèrent cette grande entreprise; mais il fallut plus de trente ans pour couvrir ce nouveau quartier de rues bien alignées, de quais superbes, de beaux h?tels, où allèrent principalement se loger les gens d'affaires, qu'on appelait alors traitants ou partisans. Lorsque Colbert fit rendre gorge, en 1665, à ces sangsues de l'état, il y eut, sur 90 millions, 8 millions de taxes mises sur les financiers de l'?le Saint-Louis. Cette ?le prit dès lors un aspect calme, grave, sérieux, qu'elle n'a pas entièrement perdu: aujourd'hui encore, c'est un quartier qui, par les moeurs paisibles de ses habitants, l'absence de grands établissements de commerce, les nombreux h?tels qu'il a conservés, a une physionomie particulière et ressemble à une ville de province[2]. Il n'a joué presque aucun r?le dans nos troubles civils.
[Note 1: Voyez Hist. gén. de Paris, p. 23.]
[Note 2: ?L'?le Saint-Louis présente le singulier phénomène d'être le seul quartier de Paris qui ne loge pas de filles publiques; toutes celles qui, à différentes reprises, ont voulu s'y établir n'ont pu y rester. Cette particularité peut s'expliquer par les moeurs et les habitudes de ce quartier. Tout le monde s'y conna?t: c'est une petite ville au milieu d'une grande; les moeurs graves et austères de l'ancienne magistrature qui l'habitait autrefois s'y sont conservées. Chaque maison a les traditions de ses anciens ma?tres; et l'ordre, le travail, ainsi que les vertus privées, font le caractère des négociants qui y habitent aujourd'hui; il n'est pas jusqu'aux ouvrières de toute espèce qui peuplent les combles qui ne se fassent remarquer par leur décence et leur vertu[A].? A: Parent-Duchatelet, De la Prostitution, etc., t. I. p. 538.]
L'?le Saint-Louis est unie à la rive droite par les ponts Marie (p.010) et Louis-Philippe et par la passerelle de Damiette, à la rive gauche par le pont de la Tournelle et la passerelle de Constantine, à la Cité par les ponts Louis-Philippe et de la Cité. Sa superficie est de 110,000 mètres carrés. Elle forme un quartier du neuvième arrondissement, dit de l'?le Saint-Louis, et qui, pendant la révolution, s'appelait section de la Fraternité.
Elle est coupée à angle droit et régulièrement par deux grandes rues: la rue des Deux-Ponts, qui aboutit aux ponts Marie et de la Tournelle et qui est une des grandes voies de communication de la rive droite à la rive gauche de la Seine; la rue Saint-Louis, où se trouve une église du même nom, qui date de 1618 et qui a été reconstruite en 1726. C'est un petit édifice, sans portail et sans ornements, qui renferme le tombeau de Quinault.
Parmi les maisons de l'?le Saint-Louis, on remarque les h?tels Lambert et Bretonvilliers.
L'h?tel Lambert, situé rue Saint-Louis, no 2, c'est-à-dire à la pointe orientale de l'?le, dans une situation pittoresque, d'où l'on embrasse les deux rives de la Seine, a été bati par l'architecte Levau pour Lambert de Thorigny, ma?tre des comptes, qu'on appelait Lambert le Riche et qui était en effet l'un des financiers les plus opulents de son temps. C'était un chef-d'oeuvre d'élégance, de bien-être et de bon go?t. Lebrun y avait peint la grande galerie, dite galerie (p.011) d'Hercule; Lesueur, le salon de l'Amour, le cabinet des Muses, l'appartement des Bains, un vestibule et l'escalier. ?Rien ne peut donner, dit M. Vitet, une plus juste idée de l'admirable organisation de Lesueur, rien ne fait mieux conna?tre la souplesse de son esprit et son aptitude à percevoir la beauté sous toutes ses formes, que les charmantes et si nombreuses compositions créées par lui pour l'h?tel Lambert. Son imagination presque dévote accepta sans restriction, quoique avec une chaste
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