la tour qui fait le coin (près du pont des Arts) et finissait par la tour Babel (près du port Saint-Paul), en ayant pour points principaux: porte Saint-Honoré (rue Saint-Honoré, près de l'Oratoire); porte Coquillière (au coin des rues Coquillière et Grenelle); porte Montmartre (rue Montmartre, au-dessus de la rue du Jour); porte Saint-Denis (rue Saint-Denis, près de l'impasse des Peintres); porte Saint-Martin (rue Saint-Martin, près de la rue Grenier Saint-Lazare); porte de Braque (rue de Braque, près de la rue du Chaume); porte Barbette (vieille rue du Temple, au coin de la rue des Francs-Bourgeois); porte Baudet (rue Saint-Antoine, près de la rue Culture-Sainte-Catherine). L'enceinte formait aussi sur la rive gauche un demi-cercle, dont la direction est facile à suivre, puisque la cl?ture s'est conservée jusqu'au XVIIe siècle et que les rues qui ont été construites sur ses fossés en portent encore le nom: ce sont les rues des Fossés-Saint-Bernard, Fossés-Saint-Victor, Fossés-Saint-Jacques, Fossés-Monsieur-le-Prince, Fossés-Saint-Germain-des-Prés, Fossés-de-Nesle ou Mazarine. Ce demi-cercle commen?ait par la tour de Nesle (près de l'Institut) et finissait par la Tournelle (quai de la Tournelle, près de la rue des Fossés-Saint-Bernard), en ayant pour points principaux: porte Bucy (rue Saint-André-des-Arts, près de la rue Contrescarpe); porte des Cordeliers (rue de l'école-de-Médecine, près de la rue du Paon); porte Gibart ou d'Enfer (place Saint-Michel); porte Saint-Jacques (rue Saint-Jacques, au coin de la rue Saint-Hyacinthe); porte Bordet (rue Descartes, près de la rue de Fourcy); porte Saint-Victor (rues Saint-Victor et des Fossés-Saint-Victor). L'enceinte entière avait donc quatorze portes, outre plusieurs poternes. La muraille, qui avait huit pieds d'épaisseur, était garnie de tours rondes et espacées de vingt toises en vingt toises, outre celles qui défendaient les portes. Toute
cette construction fut faite de 1190 à 1220.
§ VI.
Paris sous Louis IX.--Règlements des métiers--Guet.
Sous Louis IX, Paris se compla?t dans ses nouvelles murailles et ne cherche pas à les franchir; mais il continue à se couvrir de fondations pieuses et charitables, oeuvres des modestes ma?ons du moyen age, que nous avons presque toutes transformées en poussière. Ainsi, le couvent des Augustins, qui servit pendant des siècles aux assemblées du clergé et du parlement, est devenu le marché à la volaille: le couvent de l'Ave-Maria, une caserne; le couvent des Cordeliers, une partie de l'école de médecine; le collége Sainte-Catherine-du-Val-des-écoliers, un marché; le couvent des Filles-Dieu, un passage; le collége de Cluny, une rue; le couvent des Jacobins, une caserne; le couvent des Chartreux, l'avenue du Luxembourg; le couvent des Prémontrés, un café; le couvent de Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, un passage; l'hospice des Quinze-Vingts, des rues aujourd'hui détruites, etc. Heureusement, de toutes ces créations si regrettables, il en reste une que la main des démolisseurs n'a pas atteinte et qu'on vient de splendidement restaurer, c'est la Sainte-Chapelle[13].
[Note 13: Voir, pour chacun de ces monuments, l'Histoire des quartiers de Paris.]
Sous ce règne, la royauté commence à appuyer son sceptre sur la robuste main du peuple de Paris. Le roi et sa mère étaient en guerre avec les barons qui leur fermaient le chemin de la capitale. Ils appelèrent à leur défense les habitants ?de la ville avec laquelle, dit Pasquier, les rois de France ont perpétuellement uni leur fortune.? Les Parisiens sortirent en armes ?en si grande quantité, dit Joinville, que, depuis Montlhéry jusqu'à Paris, le chemin était plein et serré de gens d'armes et autres gens.? Ils délivrèrent le monarque et le ramenèrent en triomphe dans leurs murs.
Cet amour des Parisiens pour le pieux roi se manifesta dans plusieurs autres circonstances: ainsi, lorsqu'il partit pour sa première croisade, toute la ville l'accompagna jusqu'à Saint-Marcel en le comblant de bénédictions; de même, lorsqu'on apprit sa captivité en égypte, les petits, les serfs, les pastoureaux songèrent à le délivrer; et il se fit dans Paris, à la voix d'un aventurier, dit le ma?tre de Hongrie, des rassemblements mena?ants pour les prêtres et les seigneurs; enfin, lorsque saint Louis, accompagné de ses frères et des gens de sa cour, nu-pieds, nu-tête, vêtu d'une simple tunique, s'en alla à plusieurs lieues de la ville chercher la sainte couronne d'épines et la porta par le faubourg Saint-Antoine à la Sainte-Chapelle, jamais roi n'eut un triomphe plus populaire.
En récompense, Louis IX s'occupa du bien-être de sa ma?tresse ville avec la plus ardente sollicitude. Il fonda, outre les nombreux couvents dont nous avons parlé, la Sorbonne, qui devint l'école de théologie la plus fameuse de la chrétienté; il enrichit l'Université de nouveaux priviléges; il ordonna que sa cour ou son parlement se réun?t désormais en lieu fixe à Paris; il y fit entrer, à c?té des barons, des conseillers, tirés la plupart de la bourgeoisie, lui donna la direction supérieure de la police de la ville, et dota ainsi cette capitale de l'institution la plus importante, la plus féconde de l'état, qui fut pour elle une source de richesses