Histoire de France 1180-1304 | Page 8

Jules Michelet
permis en aucune fa?on de jurer ou de tuer; et en cela surtout que le premier venu d'entre eux pouvait au besoin, pourvu qu'il portat des sandales, et sans avoir re?u les ordres de la main de l'��v��que, consacrer le corps de J��sus-Christ.
?Qu'il suffise de ce peu de mots sur les sectes des h��r��tiques.--Lorsque quelqu'un se rend aux h��r��tiques, celui qui le re?oit lui dit: ?Ami, si tu veux ��tre des n?tres, il faut que tu renonces �� toute la foi que tient l'��glise de Rome. Il r��pond: J'y renonce.--Re?ois donc des Bons hommes le Saint-Esprit. Et alors il lui souffle sept fois dans la bouche. Il lui dit encore:--Renonces-tu �� cette croix que le pr��tre t'a faite, au bapt��me, sur la poitrine, les ��paules et la t��te, avec l'huile et le chr��me?--J'y renonce.--Crois-tu que cette eau op��re ton salut?--Je ne le crois pas.--Renonces-tu �� ce voile qu'�� ton bapt��me le pr��tre t'a mis sur la t��te?--J'y renonce.--C'est ainsi qu'il re?oit le bapt��me des h��r��tiques et renie celui de l'��glise. Alors tous lui imposent les mains sur la t��te, et lui donnent un baiser, le rev��tent d'un v��tement noir, et d��s lors il est comme un d'entre eux.? Petrus Vall. Sarnaii, c. I, ap. Scr. fr. XIX. 5, 7. Extrait d'un ancien registre de l'Inquisition de Carcassonne. (Preuves de l'Histoire du Languedoc, III, 371.)
Voy. Gieseler. II, P. 2, p. 495.--Sandii nucleus hist. eccles., VI; 404: ?Veniens papa Nicetas nomine a Constantinopoli...?
Steph. de Borb., ap. Gieseler, II, P. 2a. 508.]
Ainsi �� c?t�� de l'��glise, s'��levait une autre ��glise dont la Rome (p. 018) ��tait Toulouse. Un Nic��tas de Constantinople avait pr��sid�� pr��s de Toulouse, en 1167, comme pape, le concile des ��v��ques manich��ens. La Lombardie, la France du Nord, Albi, Carcassonne, Aran, avaient ��t�� (p. 019) repr��sent��es par leurs pasteurs. Nic��tas y avait expos�� la pratique des manich��ens d'Asie, dont le peuple s'informait avec empressement. L'Orient, la Gr��ce byzantine, envahissaient d��finitivement l'��glise occidentale. Les Vaudois eux-m��mes, dont le rationalisme semble un (p. 020) fruit spontan�� de l'esprit humain, avaient fait ��crire leurs premiers livres par un certain Ydros, qui, �� en juger par son nom, doit aussi ��tre un Grec. Aristote et les Arabes entraient en m��me temps dans la science. Les antipathies de langues, de races, de peuples, disparaissaient. L'empereur d'Allemagne, Conrad, ��tait parent de Manuel Comn��ne. (p. 021) Le roi de France avait donn�� sa fille �� un C��sar byzantin. Le roi de Navarre, Sanche l'Enferm��, avait demand�� la main d'une fille du chef des Almohades. Richard Coeur-de-Lion se d��clara fr��re d'armes du sultan Malek-Adhel, et lui offrit sa soeur. D��j�� Henri II avait menac�� le pape de se faire mahom��tan. On assure que Jean offrit r��ellement aux Almohades d'apostasier pour obtenir leur secours. Ces rois (p. 022) d'Angleterre ��taient ��troitement unis avec le Languedoc et l'Espagne. Richard donna une de ses soeurs au roi de Castille, l'autre �� Raimond VI. Il c��da m��me �� celui-ci l'Ag��nois, et renon?a �� toutes les pr��tentions de la maison de Poitiers sur Toulouse. Ainsi les h��r��tiques, les m��cr��ants, s'unissaient, se rapprochaient de toutes parts. Des co?ncidences fortuites y contribuaient; par exemple, le mariage de l'empereur Henri VI avec l'h��riti��re de Sicile ��tablit des communications continuelles entre l'Allemagne, l'Italie et cette ?le tout arabe. Il semblait que les deux familles humaines, l'europ��enne et l'asiatique, allassent �� la rencontre l'une de l'autre; chacune d'elles se modifiait, comme pour diff��rer moins de sa soeur. Tandis que les Languedociens adoptaient la civilisation moresque et les croyances de l'Asie, le mahom��tisme s'��tait comme christianis�� dans l'��gypte, dans une grande partie de la Perse et de la Syrie, en adoptant sous diverses formes le dogme de l'incarnation[18].
[Note 18: Le mahom��tisme se r��concilie en ce moment dans l'Inde avec les r��gions du pays, comme avec le christianisme au temps de Fr��d��ric II. (Note de 1833.)]
Quels devaient ��tre dans ce danger de l'��glise le trouble et l'inqui��tude de son chef visible? Le pape avait, depuis Gr��goire VII, r��clam�� la domination du monde et la responsabilit�� de son avenir. (p. 023) Guind�� �� une hauteur immense, il n'en voyait que mieux les p��rils qui l'environnaient. Ce prodigieux ��difice du christianisme au moyen age, cette cath��drale du genre humain, il en occupait la fl��che, il y si��geait dans la nue �� la pointe de la croix, comme quand de celle de Strasbourg vous embrassez quarante villes et villages sur les deux rives du Rhin. Position glissante, et d'un vertige effroyable! Il voyait de l�� je ne sais combien d'arm��es qui venaient marteau en main �� la destruction du grand ��difice, tribu par tribu, g��n��ration par g��n��ration. La masse ��tait ferme, il est vrai; l'��difice vivant, bati d'ap?tres, de saints, de docteurs, plongeait bien loin son pied dans la terre. Mais tous les vents battaient contre, de l'orient et de l'occident, de l'Asie
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