Germinie Lacerteux

Edmond de Goncourt
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Germinie Lacerteux

The Project Gutenberg EBook of Germinie Lacerteux
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Title: Germinie Lacerteux
Author: Edmond de Goncourt and Jules de Goncourt
Release Date: December 11, 2005 [EBook #17285]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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ROMANS
DE
EDMOND ET JULES DE GONCOURT

GERMINIE LACERTEUX

PARIS G. CHARPENTIER ET Cie, ��DITEURS 11, RUE DE GRENELLLE, 11
1889

PR��FACE DE LA PREMI��RE ��DITION
Il nous faut demander pardon au public de lui donner ce livre, et l'avertir de ce qu'il y trouvera.
Le public aime les romans faux: ce roman est un roman vrai.
Il aime les livres qui font semblant d'aller dans le monde: ce livre vient de la rue.
Il aime les petites oeuvres polissonnes, les m��moires de filles, les confessions d'alc?ves, les salet��s ��rotiques, le scandale qui se retrousse dans une image aux devantures des libraires: ce qu'il va lire est s��v��re et pur. Qu'il ne s'attende point �� la photographie d��collet��e du Plaisir: l'��tude qui suit est la clinique de l'Amour.
Le public aime encore les lectures anodines et consolantes, les aventures qui finissent bien, les imaginations qui ne d��rangent ni sa digestion ni sa s��r��nit��: ce livre, avec sa triste et violente distraction, est fait pour contrarier ses habitudes et nuire �� son hygi��ne.
Pourquoi donc l'avons-nous ��crit? Est-ce simplement pour choquer le public et scandaliser ses go?ts?
Non.
Vivant au dix-neuvi��me si��cle, dans un temps de suffrage universel, de d��mocratie, de lib��ralisme, nous nous sommes demand�� si ce qu'on appelle ?les basses classes? n'avait pas droit au Roman; si ce monde sous un monde, le peuple, devait rester sous le coup de l'interdit litt��raire et des d��dains d'auteurs qui ont fait jusqu'ici le silence sur l'ame et le coeur qu'il peut avoir. Nous nous sommes demand�� s'il y avait encore, pour l'��crivain et pour le lecteur, en ces ann��es d'��galit�� o�� nous sommes, des classes indignes, des malheurs trop bas, des drames trop mal embouch��s, des catastrophes d'une terreur trop peu noble. Il nous est venu la curiosit�� de savoir si cette forme conventionnelle d'une litt��rature oubli��e et d'une soci��t�� disparue, la Trag��die, ��tait d��finitivement morte; si, dans un pays sans caste et sans aristocratie l��gale, les mis��res des petits et des pauvres parleraient �� l'int��r��t, l'��motion, �� la piti��, aussi haut que les mis��res des grands et des riches; si, en un mot, les larmes qu'on pleure en bas pourraient faire pleurer comme celles qu'on pleure en haut.
Ces pens��es nous avaient fait oser l'humble roman de _Soeur Philom��ne_, en 1861; elles nous font publier aujourd'hui Germinie Lacerteux.
Maintenant, que ce livre soit calomni��: peu lui importe. Aujourd'hui que le Roman s'��largit et grandit, qu'il commence �� ��tre la grande forme s��rieuse, passionn��e, vivante, de l'��tude litt��raire et de l'enqu��te sociale, qu'il devient, par l'analyse et par la recherche psychologique, l'Histoire morale contemporaine, aujourd'hui que le Roman s'est impos�� les ��tudes et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libert��s et les franchises. Et qu'il cherche l'Art et la V��rit��; qu'il montre des mis��res bonnes �� ne pas laisser oublier aux heureux de Paris; qu'il fasse voir aux gens du monde ce que les dames de charit�� ont le courage de voir, ce que les reines autrefois faisaient toucher de l'oeil �� leurs enfants dans les hospices: la souffrance humaine, pr��sente et toute vive, qui apprend la charit��; que le Roman ait cette religion que le si��cle pass�� appelait de ce large et vaste nom: _Humanit��_;--il lui suffit de cette conscience: son droit est l��.

GERMINIE
LACERTEUX

I.
--Sauv��e! vous voil�� donc sauv��e, mademoiselle! fit avec un cri de joie la bonne qui venait de fermer la porte sur le m��decin, et, se pr��cipitant vers le lit o�� ��tait couch��e sa ma?tresse, elle se mit avec une fr��n��sie de bonheur et une furie de caresses �� embrasser, par-dessus les couvertures, le pauvre corps tout maigre de la vieille femme, tout petit dans le lit trop grand comme un corps d'enfant.
La vieille femme lui prit silencieusement la t��te dans ses deux mains, la serra contre son coeur, poussa un soupir, et laissa ��chapper:--Allons! il faut donc vivre encore!
Ceci se passait dans une petite chambre dont la fen��tre montrait un ��troit morceau de ciel coup�� de trois noirs tuyaux de t?le, des lignes de toits, et au loin, entre deux maisons qui se touchaient presque, la branche sans feuilles d'un arbre qu'on ne voyait pas.
Dans la chambre,
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