Georges | Page 7

Alexandre Dumas, père
pr��pare.
�� deux heures de l'apr��s-midi, les fr��gates La Magicienne et l'Iphig��nie parurent �� leur tour �� l'entr��e de la passe; elles ralli��rent le Syrius et la N��r��ide, et toutes quatre s'avanc��rent contre nous. Deux se firent ��chouer, les deux autres s'amarr��rent sur leurs ancres, pr��sentant un total de dix-sept cents hommes et de deux cents canons.
Ce fut un moment solennel et terrible que celui pendant lequel les dix mille spectateurs qui garnissaient les montagnes virent les quatre fr��gates ennemies s'avancer sans voiles et par la seule et lente impulsion du vent dans leurs agr��s, et venir, avec la confiance que leur donnait la sup��riorit�� du nombre, se ranger �� demi-port��e du canon de la division fran?aise, pr��sentant �� leur tour leur travers, s'��chouant comme nous nous ��tions fait ��chouer, et renon?ant d'avance �� la fuite, comme d'avance nous y avions renonc��.
C'��tait donc un combat tout d'extermination qui allait commencer; lions et l��opards ��taient en pr��sence, et ils allaient se d��chirer avec des dents de bronze et des rugissements de feu.
Ce furent nos marins qui, moins patients que ne l'avaient ��t�� les gardes-fran?aises �� Fontenoy, donn��rent le signal du carnage. Une longue tra?n��e de fum��e courut aux flancs des quatre vaisseaux, �� la corne desquels flottait un pavillon tricolore; puis en m��me temps le rugissement de soixante-dix bouches �� feu retentit, et l'ouragan de fer s'abattit sur la flotte anglaise.
Celle-ci r��pondit presque aussit?t, et alors commen?a, sans autre manoeuvre que celle de d��blayer les ponts des ��clats de bois et des corps expirants, sans autre intervalle que celui de charger les canons, une de ces luttes d'extermination comme, depuis Aboukir et Trafalgar, les fastes de la marine n'en avaient pas encore vu. D'abord, on put croire que l'avantage ��tait aux ennemis; car les premi��res vol��es anglaises avaient coup�� les embossures de la Minerve et du Ceylan; de sorte que, par cet accident, le feu de ces deux navires se trouva masqu�� en grande partie. Mais, sous les ordres de son capitaine, la Bellone fit face �� tout, r��pondant aux quatre batiments �� la fois, ayant des bras, de la poudre et des boulets pour tous; vomissant incessamment le feu, comme un volcan en ��ruption, et cela pendant deux heures c'est-��-dire pendant le temps que le Ceylan et la Minerve mirent �� r��parer leurs avaries: apr��s quoi, comme impatients de leur inaction, ils se reprirent �� rugir et �� mordre �� leur tour, for?ant l'ennemi, qui s'��tait d��tourn�� un instant d'eux pour ��craser la Bellone, de revenir �� eux, et r��tablissant l'unit�� du combat sur toute la ligne.
Alors il sembla au capitaine Duperr�� que la N��r��ide, d��j�� meurtrie par trois bord��es que la division lui avait lach��es en for?ant la passe, ralentissait son feu. L'ordre fut donn�� aussit?t de diriger toutes les vol��es sur elle et de ne lui donner aucun relache. Pendant une heure, on l'��crasa de boulets et de mitraille, croyant �� chaque instant qu'elle allait amener son pavillon; puis comme elle ne l'amenait pas, la gr��le de bronze continua, fauchant ses mats, balayant son pont, trouant sa car��ne, jusqu'�� ce que son dernier canon s'��teign?t, pareil �� un dernier soupir, et qu'elle demeurat ras��e comme un ponton dans l'immobilit�� et dans le silence de la mort.
En ce moment, et comme le capitaine Duperr�� donnait un ordre �� son lieutenant Roussin, un ��clat de mitraille l'atteint �� la t��te et le renverse dans la batterie; comprenant qu'il est bless�� dangereusement, �� mort peut-��tre, il fait appeler le capitaine Bouvet lui remet le commandement de la Bellone, lui ordonne de faire sauter les quatre batiments plut?t que de les rendre, et, cette derni��re recommandation faite, lui tend la main et s'��vanouit. Personne ne s'aper?oit de cet ��v��nement; Duperr�� n'a pas quitt�� la Bellone, puisque Bouvet le remplace.
�� dix heures, l'obscurit�� est si grande, qu'on ne peut plus pointer, et qu'il faut tirer au hasard. �� onze heures, le feu cesse; mais comme les spectateurs comprennent que ce n'est qu'une tr��ve ils restent �� leur poste. En effet, �� une heure, la lune para?t, et, avec elle et �� sa pale lumi��re, le combat recommence.
Pendant ce moment de relache, la N��r��ide a re?u quelques renforts; cinq ou six de ses pi��ces ont ��t�� remises en batterie; la fr��gate qu'on a crue morte n'��tait qu'�� l'agonie, elle reprend ses sens, et elle donne signe de vie en nous attaquant de nouveau.
Alors Bouvet fait passer le lieutenant Roussin �� bord du Victor, dont le capitaine est bless��; Roussin a l'ordre de remettre le batiment �� flot et de s'en aller, �� bout portant, ��craser la N��r��ide de toute son artillerie; son feu ne cessera cette fois que lorsque la fr��gate sera bien morte.
Roussin suit �� la lettre l'ordre donn��: le Victor d��ploie son foc et ses grands huniers, s'��branle et vient, sans tirer un
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