Gaspard de la nuit | Page 6

Louis Bertrand
la ville, qui, il est vrai, lui a bien rendu ses gracieusetés. Aujourd'hui, ses tours chenues servent de retraite à une compagnie de gendarmes.
[4] L'écorcheur de chevaux morts.
[5] Torrent qui parcourait autrefois Dijon à ciel découvert. Ses eaux sont re?ues aujourd'hui au pied des remparts dans des canaux vo?tés.--Les truites du Val-de-Suzon ont de la renommée en Bourgogne.
[6] La chapelle aujourd'hui fermée de Notre-Dame-d'étang était habitée en 1630 par un chapelain et par un ermite. Ce dernier ayant assassiné son confrère, un arrêt du parlement de Dijon le condamna à être roué vif en place de Morimont.
[7] Nom générique de plusieurs petites rivières qui arrosent le pays de la plaine, entre Dijon et la Sa?ne.
[8] Les deux abbayes de St-étienne et de St-Bénigne, dont les contestations fatiguèrent si souvent la patience du parlement, étaient si anciennes, si puissantes, et jouissaient de tant de privilèges accordés par les ducs et les papes, qu'il n'y avait à Dijon aucun établissement religieux qui ne relevat de l'une ou de l'autre. Les sept églises de la ville étaient leurs filles, et chacune des deux abbayes avait en outre son église particulière.--L'abbaye de Saint-étienne battait monnaie.
[9] Telles auraient été, suivant Pierre Paillot, les anciennes armoiries de la commune de Dijon; mais l'abbé Boulemier (_Mém. de l'acad. de Dijon, 1771) a prétendu qu'elles n'étaient que de gueules plein_. Ces deux savants ne feraient-ils pas confusion de temps, et les armoiries de Dijon n'auraient-elles pas été de gueules plein avant de porter _au pampre d'or feuillé de sinople?_ C'est ce que je n'ai pas le loisir d'examiner ici.
[10] Philippe-le-Hardi avait son roi des Ribauds. Il lui donna 200 liv. en 1396 (Courtépée).
[11] Je ne compare la Chartreuse de Dijon à l'abbaye de St-Denis que sous le rapport de la magnificence et de la richesse de ses sépultures. Trois ducs seulement ont été inhumés à la Chartreuse, Philippe-le-Hardi, Jean-sans-Peur, et Philippe-le-Bon; et je n'ignore pas que l'église de Citeaux avait communément re?u, depuis Eudes Ier, les dépouilles des ducs de la première et de la seconde race royale.--C'est Philippe-le-Hardi qui fonda la Chartreuse en 1383. Tout n'y était que lambris de bois d'Irlande, que chasubles et tapis de drap d'or, que courtines d'étoffes de Chypre et de Damas, que bénitiers et chandeliers d'argent, que lampes de vermeil, que chapelles portatives à personnages d'ivoire, que peinture et sculptures exécutées par les premiers artistes du temps. La vaisselle pour le service de l'autel pesait 55 marcs.--Le marteau de la révolution en jetant en bas la Chartreuse avait dispersé dans les cabinets de quelques curieux les débris des tombeaux de Philippe-le-Hardi, de Jean-sans-Peur et de Marguerite de Bavière, femme de ce dernier. (Charles-le-Téméraire n'avait point fait élever de monument à son père Philippe-le-Bon.) Ces chefs-d'oeuvres de l'art du XVe siècle ont été restaurés et placés dans une des salles du musée de Dijon.
[12] Elle n'a pas plus échappé que la Chartreuse et tant d'autres chefs-d'oeuvres à la fureur des réactions. On n'en a pas laissé pierre sur pierre. Cette sainte chapelle, élevée par le duc Hugues III au retour de la croisade, vers 1171, était riche de mille objets d'art et de piété. Que sont devenus, par exemple, ses vitraux et ses statues historiques; cette boiserie de choeur où étaient appendues les armoiries des trente-et-un premiers chevaliers de la Toison d'Or institués par Philippe-le-Bon; le beau vaissel où l'on conservait une hostie miraculeuse et sur lequel brillait, aux jours de fêtes, la couronne d'or que le roi Louis XII, relevant d'une dangereuse maladie, en 1505, avait envoyée au chapitre par deux hérauts?--Le temps a fait un pas et la terre a été renouvelée, dit quelque part M. de Chateaubriand.
[13] Charles-le-Téméraire, dernier duc de Bourgogne, fut tué à la bataille de Nancy, le dimanche 5 janvier 1476.
[14] Cette image était déjà en grande vénération au XIIe siècle. Elle est d'un bois noir, dur et pesant, qu'on croit être du chataignier.
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PRéFACE
L'art a toujours deux faces antithétiques, médaille dont, par exemple, un c?té accuserait la ressemblance de Paul Rembrandt et le revers celle de Jacques Callot.--Rembrandt est le philosophe à barbe blanche qui s'encolima?onne en son réduit, qui absorbe sa pensée dans la méditation et dans la prière, qui ferme les yeux pour se recueillir, qui s'entretient avec des esprits de beauté, de science, de sagesse et d'amour, et qui se consume à pénétrer les mystérieux symboles de la nature.--Callot, au contraire, est le lansquenet fanfaron et grivois qui se pavane sur la place, qui fait du bruit dans la taverne, qui caresse les filles de bohémiens, qui ne jure que par sa rapière et par son escopette, et qui n'a d'autre inquiétude que de cirer sa moustache.--Or, l'auteur de ce livre a envisagé l'art sous cette double personnification; mais il n'a point été trop exclusif, et voici, outre les
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