Formules pour lesprit | Page 4

Florentin Smarandache
mousses et lichens?juste sur le coeur.?La vie, la pauvre,?vois comme elle perd son temps.?L'aquilon?par d'insolents ondoiements?me donne des gifles légères?sur le visage.?Il pleut si longuement que croissent mousses et lichens?juste sur le coeur,?et la vie, la pauvre,?vois comme elle perd son temps!
L'INTéRIEUR MEUBLé D'UNE POéSIE
Poèmes galants?cravate au cou?étalés sur la scène.?Les danseurs passent bras dessus, bras dessous,?avec quelque mélodie.
Un papillon?sur chaque parole.?Et dans l'intérieur meublé?d'une poésie?le poète tient encore?entre ses dents?le verbe ultime.
LES PAYSANS DéFILAIENT ...
Les paysans défilaient?salis par la suie de la nuit?dans le lourd char grin?ant?du Temps,?attelant les boeufs à l'essieu du monde.
Visages ciselés dans la tristesse de pierre?au sommeil étendu entre les gênes?et les rêves brisés dans la tête,?ils passaient comme de longues cataractes?qui tombent sans trêve?et ne rencontrent plus la terre.?Ils passaient dans les sabots souillés?de la pauvreté,?sur les chemins cariés de boue,?à l'ombre des peupliers qui avaient bu le ciel,?sous la fournaise qui avait signé en noir?sur leurs lèvres rassasiées de faim.
Ils passaient, leurs pantalons tachés de déprime?et leur blouse pleurée par la sueur?laissant des glèbes dans la révolte de charrue.
Entre les blessures sacrées,?des vents réunis en conversation?décha?naient des fl?tes emplies de do?nas
Les paysans défilaient?dans le lourd char grin?ant?de l'Histoire,?tirant derrière eux l'essieu du monde.
LA FOURNAISE SE RéVèLE TOUTE NUE
Les ages de l'eau?mis en cercles?vers l'infini....?L'accordéon?de la mer?respire exténué.?Sur un coussin d'air?un albatros.
La fournaise se révèle?toute nue.?Dans les parcs en attente?des bancs.
Torpide sous la coupole céleste?le soleil a gelé.?Et regarde fixement.
La fournaise se révèle --?nue.
SOUS SES AILES L'AIGLE IMPéRIAL éTREINT LA NUE
Dans l'air ludique?une noce évanescente?de hérons.
Le zéphyr nous emporte doucement?sur des cornes acérées.
Un cerf
? se mourant de jeunesse -- agite son enfance entre les herbes légères.
Sous ses ailes l'aigle impérial?étreint la nue --?plumage déployé.
ATTEINS DE TON FRONT LE CHANT DU ROSSIGNOL
"De son fourreau, poète, tire?ton propos?pour atteindre de ton front?le chant du rossignol!"
Et nous raccommoderons?les heures?entre elles?d'un fil blanc?de lumière.
DéBUT
Le vent timide qui souffle léger?le doux tourment du début?assassine mes paroles?avant de les écrire.
Entre les saules barbus,?parmi les chimères ensanglantées?s'accro?t le pouls de l'herbe,?se rassemblent les heures affamées.
Comme l'eau aux sources soupire?de tristesse à la naissance,?comme les rejets fendent l'écorce?par passion de la croissance,?ce début pèse lourdement?sur ma tempe:?Il me caresse, il me blesse.
Ai-je surgi au couchant?
AU-DELà DU PROPOS
Nous respirons quotidiennement / l'air chargé de vers / remplis d'épithètes / comme les arbres à fruits, / avec des éclats métalliques / telle une femme violemment fardée sur les lèvres; / nous franchissons les marches bondissantes / des mots syncopés, / et les symboles nous ouvrent / la porte d'un tunnel souterrain. / Vers herbeux, / grandis / dans le duvet ouaté / d'un songe, / déposés par le fleuve courant / d'un style / en chaudes alluvions.
Dévorés par la Nature, incendiés par l'Amour, leur montée--descente dans la réalité nous l'étayons sur les charpentes solides des métaphores.
Caressants comme le souffle léger d'un vent / aussi élevés que le rêve, / au corps / vert comme la vie, / aux yeux / bleus comme l'espérance / et noirs comme la tristesse, / à l'écriture / aussi douce que l'amour / et amère comme la souffrance / que ces Poèmes / portent la belle pensée / plus pure que la santé!
FORMULES POUR L'ESPRIT
"ETAT-DE-MOI", chronique par Ion Pachia Tatomirescu 3
Avant le propos 5
Ces noirs départs de mes pupilles 7
* * * 8
L'esprit est un état-de-moi 9
Des contours d'envol se brisent 10
Coucher de soleil 11
Le rouge du sang s'écoule toujours en moi 12
Les hauteurs en aigles croissent
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