pur cinname,
Ton lit doit être parfumé.
L'ÉPOUSE
Celui que mon coeur aime est un bouquet de myrrhe;
Son baiser dont
l'ardeur est celle du midi
Est non moins odorant que le nard de
Palmyre
Et meilleur que le sang des vignes d'Engaddi.
II
Beauté des Epoux
L'ÉPOUX
Vois donc, ma soeur, épouse, ô fontaine scellée,
Comme ton corps est
svelte et d'aspect gracieux!
L'ÉPOUSE
Vois donc, ô mon époux, ô lis de la vallée,
Comme en toi toute chose
est parfaite à mes yeux!
L'ÉPOUX
Tes cheveux sont pareils à des troupeaux de chèvres
Poursuivant sur
les monts leurs chemins coutumiers.
L'ÉPOUSE
La myrrhe, ô bien-aimé, distille de tes lèvres,
Tes cheveux sont
pareils aux pousses des palmiers.
L'ÉPOUX
Tes mains qui des couleurs de l'aurore sont teintes
Semblent deux
papillons autour de toi volant.
L'ÉPOUSE
Tes mains, faites au tour, sont pleines d'hyacinthes,
Et ta tête superbe
est un or excellent.
L'ÉPOUX
Tes yeux dont le regard a blessé ma prunelle
Sont purs comme les
flots des vasques d'Hésébon.
L'ÉPOUSE
Tes yeux à qui mon corps chastement se révèle
Sont clairs comme les
eaux des puits de Salomon.
FEMMES RÊVÉES
A l'idéal ouvre ton âme,
Mets dans ton coeur beaucoup de ciel,
Aime une nue, aime une femme,
Mais aime!--C'est l'essentiel!
THEOPHILE GAUTHIER
L'Inconnue
Cette femme qui passe au lever de la lune,
Voilée et dont le voile est
le jouet du vent,
Cette femme qui passe et se deult sur la dune,
Me
disais-je rêvant,
Est-elle une beauté brune, blonde ou châtaine,
Cachant, le coeur ému,
sous un voile jaloux,
Des épaules de neige ou des tresses d'ébène,
Ou des yeux andalous?
Vient-elle de l'Attique ou de l'Occitanie,
Du Nil ou de l'Indus, de
Rome ou de Paris,
Ou se dit-elle enfant de la Lusitanie
Ou d'un
autre pays?
Se nomme-t-elle Ea, Bérénice ou Pauline,
Armide ou Madeleine,
Eliane ou Ninon,
Isaure, Iole, Ida Nohémie, Jacqueline,
Ou d'un
plus joli nom,
Cette femme qui passe au lever de la lune,
Voilée et dont le voile est
le jouet du vent
Cette femme qui passe et se deult sur la dune?
Me
disais-je en rêvant...
Rêve
Les cheveux flottants et la gorge nue,
Au sein d'un val où j'étais seul,
Une femme est venue
Calme, en traversant l'ombre d'un tilleul,
Elle s'embellit d'un sourire
Quand elle me vit seul,
Et, parfumant l'air d'une odeur de myrrhe,
Elle vint s'asseoir près de
moi
Ne cessant de sourire.
Puis elle m'offrit, vibrante d'émoi,
Le baiser de sa lèvre rose,
En
s'inclinant sur moi,
Les cheveux flottants, la bouche mi-close.
La Chasseresse
J'aime à fantasier la sereine beauté
De cette virginale et blonde
chasseresse
Que, telle qu'aux accents d'un sylvain redouté
Fuyaient
dans les roseaux les nymphes en détresse,
En me voyant, furtif, près
d'elle, en tapinois,
Oeillader sa démarche altière, s'est enfuie
Adorablement belle, à travers les grands bois,
Un jour que le soleil
souriait dans la pluie.
Chant des Pleureuses
Ayons comme les jours de la triste saison
Nos heures de soleil et de
mélancolie;
Autant qu'il nous est doux de rire à la folie,
Qu'il nous
plaise parfois de pleurer sans raison.
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons,
loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos
yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos
chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme
ils tombent en pluie!
Qu'il est plaisant de voir, ainsi que brusquement
S'ensoleille en avril
l'azur après l'ondée,
Une pleureuse encor de larmes inondée
S'illuminer soudain d'un sourire charmant!
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons,
loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos
yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos
chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme
ils tombent en pluie!
Dolentes et les yeux empreints de nonchaloir
Sachons parfois, ainsi
qu'à l'ombre des platanes
Le coeur alangouri soupirent les sultanes,
Même au doux mois des fleurs gémir et nous doloir.
Pleurons, pleurons pleureuses que nous sommes
Pleurons, pleurons,
loin du regard des hommes,
Pleurons quand la tristesse enténèbre nos
yeux,
Pleurons lorsque le coeur s'énamoure et s'ennuie;
Que nos
chagrins, pareils aux nuages des cieux,
Se dissipent en pleurs comme
ils tombent en pluie!
Le Bois
Vous souvient-il qu'un jour auprès des flots tranquilles, Sous le dais de
ces bois moussus et parfumés
Ainsi que les pastours des anciennes
idylles,
Nous nous sommes aimés?
Vous souvient-il encor des bois où nous allâmes
Alors qu'aux vents
de mai neigeaient les églantiers,
Alors que sans retour s'allumait en
nos âmes
L'amour que vous chantiez?
Le divin souvenir de ces heures lointaines,
Doux, triste, vous fait-il
quelquefois regretter
De n'avoir plus au coeur les espérances vaines
Qui vous faisaient chanter?
Hélas! nos corps ainsi que ces bois séculaires
Par les soleils d'avril ne
sont plus rajeunis,
Car, ô femme, à jamais sont mortes nos chimères
Et nos fronts sont ternis!
Les Préceptes de l'Amour
Adolescent ta chair dompteras,
Afin de vivre longuement.
Vierge ton corps tu garderas
Jusqu'à l'hymen jalousement
Honnête point ne marcheras
Devers la tombe isolément.
Nulle femme ne connaîtras
Hors de l'hymen charnellement.
Selon ton coeur tu choisiras
Une femme discrètement.
Chrétien tu te multiplieras
Par le sang et l'enseignement.
Table des Matières
PRÉFACE
DÉDICACE
ADORATION
Exaltation
Litanies de la Femme
Holocauste
CHANTS D'AMOUR
I Dis-nous, ô
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