en buvant de l'eau claire. Non, je ne capitulerai pas. Il y a quelque chose dans ma t��te comme dans celle d'Andr�� Ch��nier. Si je dois succomber, je veux que ce soit ici, sur la br��che, glorieusement et non aux lieux o�� fut mon berceau. Blanche de Vannes... O rage!... Allons, descendons des hauteurs du r��ve dans la fange de la r��alit��. Il me reste soixante-dix francs. Si je n'ai pas d'ici huit jours une position quelconque, il ne me reste plus que le d��p?t de mendicit�� ou... oh! non, pas cela, j'aime trop ma m��re. Allons voir ce P. Coupessay.
Et Jacques se dirigea vers le coll��ge de la rue de Monceau. A peine eut-il franchi le seuil de l'��tablissement qu'il se rencontra nez �� nez avec un religieux de haute taille, v��tu avec une certaine ��l��gance et portant �� ses chaussures des boucles d'argent.
--Vous d��sirez, monsieur?...
--Voir le R. P. Coupessay, mon p��re.
--Le connaissez-vous, monsieur?
--Non, mon p��re.
--Eh bien! c'est moi, monsieur.
--Enchant��, mon p��re.
--Je vous ��coute, je n'ai qu'une seconde...
--Veuillez m'excuser, mon p��re...
--Allez, allez, monsieur, d��p��chons-nous, il y a cinq dames qui m'attendent au parloir.
--Vous avez d? recevoir une lettre de recommandation, me concernant et ��manant de M. l'abb�� de la Gloire-Dieu?...
--Ah! Oui... La Gloire-Dieu... La Gloire-Dieu...
--Je d��sirerais donner des le?ons dans votre ��tablissement.
Le P. Coupessay qui jusqu'alors avait affect�� de ne pas regarder le jeune homme, le toisa d��daigneusement de la t��te aux pieds. Il ne prit point garde �� l'expression ��nergiquement intelligente du postulant et remarqua seulement ses habits rap��s et ses bottines ��cul��es... Il r��pondit s��chement: ?Impossible... impossible. Mes cadres sont complets... vous repasserez.? Et il tourna prestement les talons pour entrer au parloir o�� plusieurs dames se pr��cipit��rent vers lui avec une s��rie de frou-frous retentissants. M��rigue en sortant put entendre ces bouts de phrases: Mon R��v��rend P��re...--Bien ch��re madame...--Cuistre! murmura-t-il en haussant les ��paules, et il regagna la rue des Saints-P��res. Apr��s avoir r��int��gr�� son domicile, il mangea un petit pain avec deux ronds de saucisson et avala une gorg��e d'eau �� son broc. Il appelait cela d?ner. Comme il achevait son festin de Balthazar, un violent coup de sonnette retentit �� sa porte! C'��tait son ami le baron de Serm��ze.
--Bonne nouvelle! cria tout d'abord le baron en serrant vigoureusement la main de Jacques.
--Blanche?... fit celui-ci avec un tressaillement.
--Imb��cile! reprit Serm��ze, je vais m'en aller sans te rien dire, si au moment o�� je viens te faire les propositions les plus importantes et les plus s��rieuses, tu me pr��viens en me jetant �� la t��te tes chim��res stupides.
Tiens, tu me parles de Blanche; c'est le docteur du m��me nom qui devrait s'occuper de toi.
--Apr��s?...
--Tu es un triple idiot.
--Nego, apr��s?
--Veux-tu te pr��senter au conseil municipal?
M��rigue bondit en ouvrant de grands yeux.
--R��ponds donc, grand nigaud.
--Eh bien, oui, pardi��, mais comment?...
--Voici, et ne m'interromps pas, surtout; figure-toi pour un moment que tu es Cinna et que je suis Auguste. Tu sais qu'il y a un si��ge vacant au Conseil?
--Oui.
--Chut!... pr��cis��ment dans le quartier Saint-Barth��l��my.
--Oui.
--Chut!... tu sais qu'il y a un comit�� royaliste?
--Oui.
--Chut! te dis-je. Eh bien, ce comit�� est compos�� de tr��s braves gens, d'une honorabilit�� parfaite et qui n'a d'��gale que leur incapacit��. Pour t'en donner une id��e, ils ne songent point �� pr��senter de candidat, bien qu'ils aient toutes les chances pour eux.
--Les cr��tins! fit M��rigue.
--Chut, reprit le baron. Tu n'es pas respectueux, mais tu es v��ridique. Enfin, il se trouve parmi eux un petit vieux moins momifi�� que les autres et qui s'appelle le vicomte d'Escal. Il est afflig�� de cent mille francs de rente.
--Il ne doit pas invoquer de consolatrice, alors.
--Tais-toi, bavard. Ses coll��gues ne le prennent pas au s��rieux, ce dont il rage consid��rablement. Pour leur faire pi��ce, il veut susciter �� lui seul et, bien entendu, �� ses frais, une candidature royaliste. Il m'a demand�� si je connaissais quelqu'un, je lui ai r��pondu: ?J'ai votre affaire.? Eh bien?
--C'est entendu.
--Mais tu sais, il faut se hater, la proclamation doit ��tre affich��e cette nuit.
--Ah!
--Chut... Le vicomte a une petite imprimerie �� ses ordres qu'on appelle: La Presse de Saint-Pierre. Il met tout sur l'heure �� ta disposition; pas de maladresse au moins, si tu r��ussis, ta fortune est faite.
--N'aie pas peur, dit Jacques, en jetant �� son horrible plafond un regard de d��fi; j'ai pu ��tre impuissant et gauche, dans les circonstances banales de la vie terre �� terre, mais qu'une occasion digne de moi se pr��sente et tu verras que ton ami le r��veur ��tait fond�� �� se croire quelqu'un et quelque chose. Quant �� toi, mon cher, je t'aimais d��j�� bien, d��sormais, c'est entre nous �� la vie et �� la mort.
--A la vie, esp��rons-le, reprit Serm��ze tr��s ��mu.
Le lendemain, l'affiche suivante, imprim��e sur papier vert, s'��talait sur tous les murs du quartier Saint-Barth��l��my:
?Messieurs les ��lecteurs,
?Je viens vous offrir de vous repr��senter au
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