Espace perdu, poésie | Page 5

Huguette Bertrand
seins rajeunis?aux lèvres gauches et gloutonnes?assombrie de désirs d'absolu?de lointains soubresauts
Humeur du temps en broussaille?jetée de lierres éperdues?ensommeillée sur fond d'azur?entachée de fuyants désirs
L'innommable plaisir?s'arrache les cervelles essoufflées?apaisant les arpèges lancinants?des complaintes tremblotantes

Source d'épanchements insalubres?sotte vertu aux moeurs vétustes?accrochée au mur des mémoires sauvages
Pillage des forces vives et machinales?détale les pentes glaciaires et décha?nées?étouffé de mots vides et inversés
Crache les histoires confondues?de salive verdatre et silencieuse?coulant des crevasses multiples?ouvertes au profond silence de froide terre

Qu'est que je lègue à mes enfants?un dépotoir?nos détritus?nos chagrins?nos ab?mes
Une lampe veille sur la commode?immuable?créative?elle réinvente mes rêves?mon engouement de vie?elle réchauffe mon essence?embrase l'éclat des jours subtils?qui n'en finissent plus
Qu'est-ce que je lègue à mes enfants?un espace d'univers?un soir de veille?ou tout s'éteint sur la vastitude?reste le temps des soupirs endormis?au large de l'immensité redevenue claire?à leurs toujours yeux d'enfants?ébahis d'amour?seul héritage

Je suis d'eau?d'air?de feu?mes racines desséchées s'abreuvent?aux souvenirs des astres fidèles?dès que s'éteint le soleil?à mon giron je retourne?dessinant des rêves occultes?aux parois de mes pensées?j'étreins mon énergie?pour raviver mes espérances
Blottie au sein d'une eau nouvelle?je me raconte l'histoire perdue du temps?ce temps limpide?au chêne rajeuni?paré de feuilles éternelles

Je joue de l'émotion?comme un piano railleur?les notes de baladent?en cris?en pleurs
Symphonie délirante?jubilation?extase?accords torturés

Peur de jour?peur de nuit?br?lée d'amour latent?choix de plumes endurcies au chagrin
Bouche soyeuse?orifice attendri?aux couleurs sales et malveillantes?en dimensions incomprises?d'aspect lourd et aveuglant
Trame de vie suspecte?océan de stupeur?glaise informe chavirée en poussière de lune
Les déserts fourmillent de pluie desséchée?de frêles senteurs rassurantes?ornés de sentiers éperdus?d'un bouquet de temps non éclos

Brebis galeuse à l'ouest?tendre soupir à l'est?que peut-on te reprocher?d'être au rendez-vous?toujours ponctuelle et joyeuse?tu nous emportes dans tes bras?quelques peu osseux?mais qu'importe?tu sais où tu vas?tu embroches grands et petits?tu dénoues les fils de vie?et secoues la poussière couleur de terre?emportée par le vent lunaire ou solaire
Réalité mystérieuse?tu essuies les mares de peines des regards?appauvris?les sombres taches palissent au fil des adieux
Les ombres retournent à leurs nombrils?et marchent à reculons?comme pour espacer le temps?retournant à leurs berceaux?pour éviter ton spectre affolant
Mais toi?tu es printemps?attendant le signal?du prochain rendez-vous

La grisaille pleure?sur le triste regard?des ombres décharnées?sépulture de vie?aux rêves désertiques?nonchalance du temps?suspendue à l'espace indécis
Ressuscitez bandes d'abrutis
Suspendez cette grisaille?au placard des arrière-cours?laissez consumer vos songes affolants?étreignez-les?à en sortir le nectar enivrant?soulez-vous en?pour rallumer vos orbites closes
Ainsi régénérés?vous ferez de plus beaux cadavres

Semer des doutes en vos entrailles?vous agresser et vous troubler?planter en vos yeux?des regards de mélancolie?contourner vos nuits sèches?et vos jours arides
Torpeur
Moisir dans vos greniers sans age?gémir sous vos langues mortes?pour effacer vos mots creux?ramasser les miettes de vos déserts?en faire germer vos mornes amours

Chercher le dur?trouver le mou?enfilade trépassée?ne revenir qu'au décan
Toujours?partout?le bruit métallisé se meurt aux oreilles?entonnoir d'ivresse haletante?jeux de particules?matrice décomposée
Tromper l'oubli?se moquer du noir tombé?essuyer la trace de gauches pas?sur la ligne du temps décadent
Retenir le mot d'Amour?marteler le temps brisé?écorchure vive
Baume

Accablante reprise de mélodies perdues?charmes renouvelés de danses limpides?enjambées célestes?cycles obscurs à jamais rajeunis?temps enflés de cruels désirs?objet cataclysmique?d'auréoles étouffantes et chancelantes?mélancolie spectaculaire

Nue devant l'orage?je saisis sa foudre?pour ceindre mes reins brisés?enfiévrée?je bois à même les nuages?pour étancher la br?lure qui perdure?au coeur brut?je sens poindre en moi?un go?t de nature suffocante?rebelle au bois abandonné?menu temps accompli en douceur primaire?ajustée en sursaut?cercle organique

L'accueil de la nature se fait pressant?envo?tée de maladresse?la solitude risque un pas chancelant?vers une cathédrale verdoyante?arrimée aux racines d'arbres?elle s'incline devant beauté et rutilance?risquer d'aventure un songe?para?t malvenu en si bel enchantement?nul besoin est de grossière mode
En choeur déluré?les têtes de violon sonorisent l'air du temps?les chants sombrent au coeur?en remous dépouillés?le silence s'effrite?à l'approche des grands arbres?leur écorce s'enduit de sève?laissant poindre l'aurore tant attendu?enracinés l'un à l'autre?leurs feuilles rougissent de contentement

Sautille la pluie?sur tendres feuilles jaunies?par le temps épars?rose matin assombri?au réveil des humains?humecte la droiture du temps revenu?soubresaut bouleversé?à souillure approprié?aux déchets terreux?saute à rebrousse-poil?en longs cheveux embroussaillés?vers les espaces refleuris?aux matins gris
Assoupi de vertes langues assassines?d'immondices endiablées?luttant tête froide aux clochers ramurés?stature titanesque?aux rameaux tentaculaires?pernicieux
Beauté rattachée au cri voyant?ébranlée de torpeur odieuse?effilée de mélancolie sableuse

Le temps s'endort?sur branche fragile?transporté de rêves rajeunis?il enjambe ses horizons flétris?et sursaute aux gémissements?des peines englouties

Les folles voiles s'emportent?aux légères brises de brume parfumée?les décombres des flots?engloutissent leur candeur?enchevêtrées?elles s'affolent?crissant?se rabattant sur l'horizon muet

Accoudés aux quais?les chalands explorent les eaux noires?d'une terre démente?en brise étreinte?loin derrière l'écume
Mer éreintée de souffle perdu?entre deux eaux de faune germée?salvatrice d'indigènes?elle attend l'hommage sacrificiel
Qui viendra s'ébattre au rivage?larmes à l'oeil ouvert?glissant sur plumages?au gré de mouettes en cage?prisonnières du ciel en rage
Erreur saisonnière?le phare se cherche un écueil?où briser ses feux complices

Les amants s'allument?s'éteignent?comme chant d'elles?en dentelle
Les escarmouches de nuit?vident les tendresses?happent les soupirs

Lorsque ton prolongement?ébranle la cloison du délire?la flamme jaillit de la source?ravit les pensées obscures?effa?ant la détresse qui s'ennuie
Le feu pleure sur ses cendres grises?englouties dans l'ab?me?où les vagues écourtées?se fracassent sur l'infini

? jouissance trop brève?de corps emmêlés?tu fais frissonner l'ombre br?lante?des désirs consommés
Que d'amours ont
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