Eric le Mendiant | Page 3

Pierre Zaccone
la beaut�� du spectacle qui s'offrait si inopin��ment �� ses yeux, soit qu'une autre cause e?t fait na?tre en elle un sentiment m��l�� de crainte et de joie, elle s'arr��ta aussit?t et croisa ses deux bras demi-nus sur sa poitrine! Puis, comme si la gaiet�� qui l'avait accompagn��e jusqu'alors, l'e?t tout �� coup abandonn��e, comme si m��me une certaine terreur se f?t empar��e d'elle, elle regarda instinctivement �� ses c?t��s ne sachant si elle devait avancer ou reculer!...
Enfin, elle parut prendre son parti en brave, tourna vivement sur elle-m��me, et apr��s un nouveau mouvement d'h��sitation, elle reprit sa course, et s'en alla rejoindre son p��re qu'elle ne tarda pas d'ailleurs �� apercevoir.
La cause des craintes et des h��sitations de Marguerite, est trop naturelle et a trop d'importance dans cette histoire, pour que nous en fassions plus longtemps un secret au lecteur.
Disons donc de suite, qu'au moment o�� la jeune fille atteignait l'extr��mit�� du sentier o�� nous l'avons vue s'arr��ter, un jeune homme, v��tu d'un costume ��l��gant du matin, venait �� elle, mont�� sur un magnifique cheval de race.
C'��tait presque un enfant encore... Il avait des yeux vifs et noirs, de longs cheveux bruns qui tombaient en boucles le long de ses tempes, et la petite moustache noire qui d��crivait une courbe gracieuse sur sa l��vre, faisait ressortir la belle paleur de sa peau...
Le jeune cavalier n'avait point remarqu�� Marguerite, ou s'il l'avait remarqu��e, il ne l'avait assur��ment pas reconnue, car il continua sa route, sans chercher �� acc��l��rer le pas tranquille de sa monture.
Son regard errait vaguement �� droite et �� gauche et sa pens��e suivait son regard.
Il r��vait!...
Il r��vait... �� ces mille choses douces ou graves, charmantes ou terribles, qui se pr��sentent fatalement �� tout homme qui entre dans la vie!...
Il se disait qu'il avait vingt-deux ans d��j��, que la vie s'ouvrait devant lui, et qu'il ne savait quelle route choisir, parmi toutes ces routes qui s'offraient �� lui.
Il se demandait quel sentiment inconnu, ��trange, ��voquait en son coeur enthousiaste le spectacle de l'Oc��an, ou cette sublime et triste harmonie des grandes solitudes.
C'��tait un enfant encore, et devant le probl��me insondable et irr��solu de la vie humaine, il se sentait h��siter, et il avait peur!...
Quand le vieux Tanneguy et le jeune cavalier se rencontr��rent, le visage du premier parut s'��panouir, et il lui fit un signe de t��te plein de bienveillance et de sympathie. -- Bonjour, monsieur Octave, lui dit-il en le saluant de la main, j'esp��re que vous voil�� matinal aujourd'hui.
Le jeune cavalier avait arr��t�� son cheval, et apr��s s'��tre inclin�� devant le p��re de Marguerite, il avait envoy�� �� cette derni��re un sourire particulier qui t��moignait de relations ant��rieures.
Puis, il se retourna vers Tanneguy.
-- Il a bien fallu se lever de bonne heure, lui r��pondit-il en lui tendant une main que le Breton serra avec une affection toute paternelle, ma m��re est all��e �� Morlaix ce matin, et je vais �� sa rencontre.
-- Madame la comtesse est bien?... demanda Tanneguy.
-- Fort bien, je vous remercie? r��pondit le jeune homme.
-- Ah! nous avons souvent parl�� de vous Marguerite et moi, poursuivit Tanneguy apr��s un moment de silence; il y a d��j�� quelque temps qu'on ne vous a vu �� la ferme, et je vous croyais reparti pour Paris...
-- Non, interrompit Octave, et je n'ai nulle envie de repartir encore... mais j'ai eu de graves pr��occupations depuis que je ne vous ai vu...
-- Des pr��occupations politiques?... fit le vieux Tanneguy en souriant avec bonhomie.
-- Peut-��tre bien! r��pondit Octave en jetant �� la d��rob��e un regard sur Marguerite.
Marguerite devint rouge comme une cerise.
Mais le jeune homme ��tait pour le moins aussi embarrass�� que la jeune fille, et apr��s quelques paroles banales ��chang��es encore avec Tanneguy, il les salua tous deux par un geste gracieux, leur promit d'aller bient?t les voir �� leur ferme de Lanmeur, et enfon?a lestement ses ��perons dans les flancs de son cheval.
La noble b��te prit aussit?t le trot, et monture et cavalier disparurent un instant apr��s aux regards de Tanneguy et de sa fille.
Quand ces derniers l'eurent perdu de vue, ils reprirent silencieusement leur chemin, et se dirig��rent du c?t�� de Saint- Jean-du-Doigt, dont on voyait d��j�� poindre �� l'horizon les premi��res maisons...
�� l'extr��mit�� du village, sur une petite langue de terre, qui avan?ait presque aux bords de la gr��ve, et derri��re un bouquet d'arbres touffus, dont les tons verts et vifs, se d��tachaient nettement sur le fond sablonneux de la c?te, s'��levaient les blanches murailles d'une sorte de cottage solitaire.
D��s qu'ils aper?urent cette charmante habitation, un rayon de joie brilla un moment dans les regards de Tanneguy et dans ceux de sa fille, et, instinctivement, ils press��rent le pas et hat��rent leur marche...
Cette habitation, c'��tait le presbyt��re de Saint-Jean-du-Doigt!...

II
Le bourg de Saint-Jean-du-Doigt est loin d'offrir �� la curiosit�� du touriste ce que le touriste est
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