de beaucoup de villes importantes
par leur commerce; soit, par exemple, les lettres de Lyon, de
Saint-Étienne, de Marseille, de Toulouse, de l'Italie, de l'Espagne, pour
Saint-Quentin, Bruxelles, Lille, Rouen, le Havre, la Prusse, la Belgique,
l'Angleterre, etc.; et, vice versa, de tous ces derniers points pour le midi
de la France. Ceci est un inconvénient grave; car, si l'accélération de la
marche des courriers est, comme nous l'avons dit, une cause
d'accroissement dans les produits, les lenteurs et les séjours en route ne
doivent-ils pas produire un effet contraire? On parerait à cet
inconvénient en établissant un double départ de courriers de Paris; les
uns, expédiés le matin, emporteraient les lettres arrivées des
départements, les journaux publiés à Paris et les lettres écrites dans la
soirée de la veille; les autres, partant à six heures du soir, seraient
chargés des lettres de Paris même et des correspondances
administratives faites pendant la journée. Les courriers seraient plus
rapides parce qu'ils seraient moins chargés, et beaucoup d'imprimés qui
intéressent le service public, ne seraient jamais retardés pendant
plusieurs jours faute de place, ce qui arrive quelquefois dans l'ordre
actuel du service.
Si l'on objectait que les dépenses qu'entraînerait cette disposition
seraient hors de proportion avec les produits que l'on pourrait en
espérer, nous répondrions: 1° que cela pourrait ne point être exact,
même dès l'origine, sur tous les points; 2° que bientôt après
l'accroissement des lettres en transit par Paris couvrirait et au-delà la
dépense[7]; 3° et qu'enfin, sauf quelques routes où un double service en
malle-poste pourrait être nécessaire, rien ne s'opposerait à ce que les
transports du matin fussent confiés à des entreprises particulières de
diligences, services que, selon leur importance, on pourrait faire
surveiller par un courrier de l'administration, chargé d'accompagner les
dépêches et de les distribuer aux bureaux de poste de la route. Ces
doubles courriers devraient être établis sur toutes les lignes où se
trouveraient des villes qui pourraient recevoir ainsi leurs lettres des
départements en transit par Paris, le jour même de leur arrivée à Paris,
ou le lendemain avant le passage de la malle-poste partie de Paris le
soir du même jour. Les transports de dépêches par entreprises sont à
bon compte généralement en France[8], et le trésor serait bientôt payé
avec usure des frais de ces nouveaux services par l'accroissement du
nombre des Lettres.
[Note 7: Voir ci-après, chapitre 4, les frais d'un service en malle-poste
comparés aux recettes.]
[Note 8: Le terme moyen du prix d'un service par entreprise en France,
est de 1647 fr. En effet, le nombre des entreprises est de 1700 environ,
et la dépense annuelle est de 2,800,000 fr. (Voir comptes définitifs de
1836.) Le nombre des lieues parcourues par an par tous ces courriers
d'entreprises réunis étant d'environ 7,800,000, le prix du transport des
dépêches par entreprises est en France de 36 c. par lieue à peu près.]
Il existe, il est vrai, déjà aujourd'hui des services supplémentaires de
transport de lettres et de journaux pour la banlieue de Paris; mais,
indépendamment de ce que ces services, tels qu'ils sont, laissent
beaucoup à désirer dans leur exécution, ils parcourent de trop courtes
distances, et ils ne peuvent atteindre le but que nous proposons par les
courriers du matin. Ces courriers du matin, au contraire, feraient le
transport des lettres de Paris pour la banlieue, et arriveraient plus vite
que les voitures auxquelles ce transport est actuellement confié.
L'autre source toute nouvelle de produits dont nous avons parlé se
trouverait dans un emploi mieux entendu du service des facteurs
ruraux[9].
[Note 9: Ceci a fait l'objet d'un Mémoire adressé au Ministre des
finances par un membre distingué du corps municipal de Paris, vers le
milieu de l'année 1837.]
On n'a pas assez pensé, jusqu'à ce jour, aux moyens de rendre ces
facteurs des agents plus actifs de bien-être et de civilisation dans les
communes qu'ils parcourent. La loi de poste[10], qui fixe à cinq pour
cent le prix du transport de l'argent, et assujettit en même temps les
envoyeurs au paiement d'une reconnaissance timbrée et le destinataire à
la nécessité de se transporter au bureau de poste pour toucher son
mandat, ne permet guère aux habitants des campagnes d'envoyer ou de
recevoir de petites sommes d'argent par la poste. Si les facteurs ruraux
étaient autorisés à recueillir dans les communes ces petites sommes
d'argent, montants de quittances qui auraient été envoyées
administrativement aux directeurs, et sur lesquelles le bureau de poste
chargé de l'encaissement percevrait le droit proportionnel de cinq pour
cent, les communes trouveraient enfin le moyen de se mettre en rapport
avec les grands sièges de fabrication et s'approvisionneraient à Paris de
beaucoup d'objets à bas prix, mais de première nécessité; ils
connaîtraient enfin l'usage de ces choses qui donnent aux habitants,
même pauvres, des grandes villes tant
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