à un mécanisme extrêmement ingénieux, la vapeur passe de l'autre c?té du piston qu'elle repousse à l'autre bout du cylindre.
?Et ainsi de suite.
?Il résulte de ce va-et-vient du piston un mouvement alternatif qu'on transforme, par d'habiles stratagèmes, en mouvements rotatoires de roues ou d'hélices.
?Tout cela est très simple, comme vous voyez, mais il fallait le trouver.
?L'éternelle histoire de la brouette qui fut invantée par Descartes (sic).
* * * * *
?FRANCISQUE SARCEY.?
L'espace restreint, comme dit notre oncle, dont je dispose, me force à n'insérer point l'éloquente à la fois et bonhomme péroraison de cette chronique.
Je le regrette surtout pour vous, pauvres lecteurs!
L'ACIDE CARBONIQUE
C'était un vendredi soir, le dernier jour que je passais en Amérique, peu d'heures avant de m'embarquer, car la Touraine partait dans la nuit, à trois heures.
à une table voisine de celle où je d?nais, d?naient aussi deux dames, ou plut?t, comme je l'appris par la suite, deux jeunes filles, dont une vieille.
Ou même, pour être plus précis, une miss et une demoiselle.
La miss était Américaine, jeune et très gentille. La demoiselle était Fran?aise, entre deux ages, et plut?t vilaine.
La miss avait, entre autres charmes, deux grands yeux noirs très à la rigolade. La demoiselle s'agrémentait de deux dr?les de petits yeux tout ronds, de véritables yeux d'outarde (Bornibus).
Toutes deux parlaient fran?ais, la demoiselle très correctement (parbleu! c'est une institutrice); la miss avec un accent et des tournures de phrases d'un comique ahurissant.
Je prêtai l'oreille...
(Je prête assez volontiers l'oreille, facheuse habitude, car, un de ces jours, on ne me la rendra pas, et je serai bien avancé!)
? joie! Ces deux dames parlaient de la Touraine en termes qui ne laissaient aucun doute... J'allais les avoir comme compagnes de route.
Toute une semaine à voir, plusieurs fois par jour, les grands yeux noirs très à la rigolade de la petite miss!
Tout de suite, j'espérai qu'on enverrait la vieille outarde au lit, de bonne heure, alors que, très tard, la petite miss et moi nous dirions des bêtises dans les coins.
Cependant, se poursuivait la conversation des deux dames.
L'outarde était d'avis qu'on allat tout de suite après d?ner au paquebot et qu'on se couchat bien tranquillement.
Miss Minnie (car enfin, voilà deux heures que je vous parle de cette jeune fille sans vous la présenter), miss Minnie disait d'un air résolu:
--Oh! pas tout de suite, coucher! Allons faire une petite tour avant embarquer!
--On ne dit pas une petite tour, mais on dit un petit tour.
--Pourtant on dit la tour Eiffel.
--Ce n'est pas la même chose. Dans le sens de monument, tour est du féminin; dans le sens de promenade, ce mot est masculin.
Les questions de philologie m'ont toujours passionné, et je crois détenir, en cette partie, quelques records.
--Pardon, mademoiselle, intervins-je, la règle que vous venez de formuler n'est pas sans exception. Tour, dans le sens du voyage, n'est pas toujours masculin.
Les yeux ronds de l'outarde s'arrondirent encore, interloqués.
--Il est masculin pour tous les pays, sauf le Cantal, le Puy-de-D?me et la Haute-Loire.
Du coup, ces dames eurent un léger frisson de terreur. J'étais, sans nul doute, un fou, peut-être furieux, si on le contrariait.
--Parfaitement! insistai-je. Ainsi, l'on dit le tour de France, le tour du monde, mais on dit la tour d'Auvergne.
Ma compatriote s'effondra de stupeur, mais j'eus la joie de voir que Minnie, en bonne petite humouriste yankee, s'esclaffait très haut de mon funny joke.
Alors, nous voilà devenus des camarades.
On fit un petit tour dans quelques roof-concerts, on but des consommations exorbitantes et, finalement, on s'échoua, près du port, dans une espèce de café fran?ais, où une clientèle assez mêlée tirait une tombola au profit d'un artiste.
Minnie gagna douze bouteilles de champagne, qu'elle n'hésita pas à faire aussit?t diriger sur sa cabine.
Pas plut?t à bord, elle tint à constater la valeur de son breuvage. Vous me croirez si vous voulez, il était exquis et de grande marque.
(Rien ne m'?tera de l'idée qu'il ne f?t le fruit d'un larcin.)
Comme toutes les Américaines, Minnie adore le champagne, mais pas tant que son institutrice.
La vieille outarde se chargea, à elle seule, de faire un sort aux trois quarts de la bouteille.
Minnie était indignée. Elle me prit à l'écart.
--Est-ce qu'elle va boire toute ma champagne, cette vieux chameau! Tachez à lui faire une bonne blague pour qu'elle est dégo?tée de cette liquide.
--Si je réussis, miss, que me donnerez-vous?
--Je vous embrasserai.
--Quand?
--Le soir, sur le pont, quand le monde sont en allés coucher.
--Et vous m'embrasserez... bien?
--Le mieux que je pouverai!
--Mazette! espérai-je.
Dès le lendemain matin, devant l'institutrice, j'amenai la conversation sur le champagne.
--C'est bon, c'est même très bon; mais il y a certains tempéraments auxquels l'usage du champagne peut être nuisible et même mortel.
--Ah! vraiment? fit la vieille fille.
--Mais oui. Ainsi, vous, mademoiselle, vous devriez vous méfier du champagne. ?a vous jouera un mauvais tour, un jour ou l'autre.
--Allons donc!
--Vous verrez... C'est de ?a qu'est morte madame Beecher-Stowe.
J'avais mon plan. Une
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