De lorigine des espèces | Page 2

Charles Darwin
DE NOMBREUSES VARIéTéS INTERMéDIAIRES DANS UNE FORMATION QUELCONQUE. APPARITION SOUDAINE DE GROUPES ENTIERS D'ESPèCES ALLIéES. DE L'APPARITION SOUDAINE DE GROUPES D'ESPèCES ALLIéES DANS LES COUCHES FOSSILIFèRES LES PLUS ANCIENNES. RéSUMé. CHAPITRE XI. DE LA SUCCESSION GéOLOGIQUE DES êTRES ORGANISéS. EXTINCTION. DES CHANGEMENTS PRESQUE INSTANTANéS DES FORMES VIVANTES DANS LE MONDE. DES AFFINITéS DES ESPèCES éTEINTES LES UNES AVEC LES AUTRES ET AVEC LES FORMES VIVANTES. DU DEGRé DE DEVELOPPEMENT DES FORMES ANCIENNES COMPARé à CELUI DES FORMES VIVANTES. DE LA SUCCESSION DES MêMES TYPES DANS LES MêMES ZONES PENDANT LES DERNIèRES PéRIODES TERTIAIRES. RéSUMé DE CE CHAPITRE ET DU CHAPITRE PRéCéDENT. CHAPITRE XII. DISTRIBUTION GéOGRAPHIQUE. CENTRES UNIQUES DE CRéATION. MOYENS DE DISPERSION. DISPERSION PENDANT LA PéRIODE GLACIAIRE. PéRIODES GLACIAIRES ALTERNANTES AU NORD ET AU MIDI. CHAPITRE XIII. DISTRIBUTION GéOGRAPHIQUE (SUITE). PRODUCTIONS D'EAU DOUCE. LES HABITANTS DES ?LES OCéANIQUES. ABSENCE DE BATRACIENS ET DE MAMMIFèRES TERRESTRES DANS LES ?LES OCéANIQUES. SUR LES RAPPORTS ENTRE LES HABITANTS DES ?LES ET CEUX DU CONTINENT LE PLUS RAPPROCHé. RéSUMé DE CE CHAPITRE ET DU CHAPITRE PRéCéDENT. CHAPITRE XIV. AFFINITéS MUTUELLES DES êTRES ORGANISéS; MORPHOLOGIE; EMBRYOLOGIE; ORGANES RUDIMENTAIRES. CLASSIFICATION. RESSEMBLANCES ANALOGUES. SUR LA NATURE DES AFFINITéS RELIANT LES êTRES ORGANISéS. MORPHOLOGIE. DéVELOPPEMENT ET EMBRYOLOGIE. ORGANES RUDIMENTAIRES, ATROPHIéS ET AVORTéS. RéSUMé. CHAPITRE XV. RéCAPITULATION ET CONCLUSIONS. GLOSSAIRE DES PRINCIPAUX TERMES SCIENTIFIQUES EMPLOYéS DANS LE PRESENT VOLUME.
NOTICE HISTORIQUE SUR LES PROGRèS DE L'OPINION RELATIVE à L'ORIGINE DES ESPèCES AVANT LA PUBLICATION DE LA PREMIèRE éDITION ANGLAISE DU PRéSENT OUVRAGE.
Je me propose de passer brièvement en revue les progrès de l'opinion relativement à l'origine des espèces. Jusque tout récemment, la plupart des naturalistes croyaient que les espèces sont des productions immuables créées séparément. De nombreux savants ont habilement soutenu cette hypothèse. Quelques autres, au contraire, ont admis que les espèces éprouvent des modifications et que les formes actuelles descendent de formes préexistantes par voie de génération régulière. Si on laisse de c?té les allusions qu'on trouve à cet égard dans les auteurs de l'antiquité, [Aristote, dans ses Physicoe Auscultationes (lib. II, cap. VIII, § 2), après avoir remarqué que la pluie ne tombe pas plus pour faire cro?tre le blé qu'elle ne tombe pour l'avarier lorsque le fermier le bat en plein air, applique le même argument aux organismes et ajoute (M. Clair Grece m'a le premier signalé ce passage): ?Pourquoi les différentes parties (du corps) n'auraient- elles pas dans la nature ces rapports purement accidentels? Les dents, par exemple, croissent nécessairement tranchantes sur le devant de la bouche, pour diviser les aliments les molaires plates servent à mastiquer; pourtant elles n'ont pas été faites dans ce but, et cette forme est le résultat d'un accident. Il en est de même pour les autres parties qui paraissent adaptées à un but. Partout donc, toutes choses réunies (c'est-à-dire l'ensemble des parties d'un tout) se sont constituées comme si elles avaient été faites en vue de quelque chose; celles fa?onnées d'une manière appropriée par une spontanéité interne se sont conservées, tandis que, dans le cas contraire, elles ont péri et périssent encore.? On trouve là une ébauche des principes de la sélection naturelle; mais les observations sur la conformation des dents indiquent combien peu Aristote comprenait ces principes.] Buffon est le premier qui, dans les temps modernes, a traité ce sujet au point de vue essentiellement scientifique. Toutefois, comme ses opinions ont beaucoup varié à diverses époques, et qu'il n'aborde ni les causes ni les moyens de la transformation de l'espèce, il est inutile d'entrer ici dans de plus amples détails sur ses travaux.
Lamarck est le premier qui éveilla par ses conclusions une attention sérieuse sur ce sujet. Ce savant, justement célèbre, publia pour la première fois ses opinions en 1801; il les développa considérablement, en 1809, dans sa Philosophie zoologique, et subséquemment, en 1815, dans l'introduction à son Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. Il soutint dans ces ouvrages la doctrine que toutes les espèces, l'homme compris, descendent d'autres espèces. Le premier, il rendit à la science l'éminent service de déclarer que tout changement dans le monde organique, aussi bien que dans le monde inorganique, est le résultat d'une loi, et non d'une intervention miraculeuse. L'impossibilité d'établir une distinction entre les espèces et les variétés, la gradation si parfaite des formes dans certains groupes, et l'analogie des productions domestiques, paraissent avoir conduit Lamarck à ses conclusions sur les changements graduels des espèces. Quant aux causes de la modification, il les chercha en partie dans l'action directe des conditions physiques d'existence, dans le croisement des formes déjà existantes, et surtout dans l'usage et le défaut d'usage, c'est-à-dire dans les effets de l'habitude. C'est à cette dernière cause qu'il semble rattacher toutes les admirables adaptations de la nature, telles que le long cou de la girafe, qui lui permet de brouter les feuilles des arbres. Il admet également une loi de
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