gu��rir. J'en souffre bien aussi et je commence l'hiver par des douleurs et des rhumatismes. Pour ��viter pourtant d'��tre aussi maltrait��e que l'ann��e derni��re, je me couvre de flanelle, gilet, bas de laine. Je suis comme un capucin (�� la salet�� pr��s) sous un cilice. Je commence �� m'en trouver bien et �� ne plus sentir ce froid qui me gla?ait jusqu'aux os et me rendait toute triste.
Ayez aussi bien soin de vous, ma ch��re maman; �� mon tour, je vais vous pr��cher.
Maurice, grace �� Dieu, annonce une sant�� robuste. Il est grand, gros et frais comme une pomme. Il est tr��s bon, tr��s p��tulant, assez volontaire quoique peu gat��, mais sans rancune, sans m��moire pour le chagrin et le ressentiment. Je crois que son caract��re sera sensible et aimant, mais que ses go?ts seront inconstants; un fonds d'heureuse insouciance lui fera, je pense, prendre son parti sur tout assez promptement. Voil�� ses qualit��s et ses d��fauts, autant que je puis en juger, et je tacherai d'entretenir les unes et d'adoucir les autres. Quant �� L��ontine[1], vous la verrez. Elle ��tait charmante entre mes mains. Je savais la prendre. J'ai eu beaucoup de chagrin �� me s��parer d'elle et je m'inqui��te de son voyage. Je sens qu'elle me manque et je crains qu'elle ne soit pas aussi bien qu'avec moi.
Hippolyte vous dira que nous attendons le retour de James avec sa femme; mais il ne vous dira peut-��tre pas les folies qu'il faisait toute la journ��e ici avec son _ancien_, son commandant Duplessis[2]. J'aurais bien envie de vous r��galer d'une certaine histoire de _portemanteau_, si je ne craignais de vous fatiguer de ces enfantillages. Vous pourrez cependant le taquiner vertement, lorsque vous le verrez boire �� table, en lui disant: _Est-ce que tu as envie de faire ton portemanteau aujourd'hui?_ C'est le mot d'ordre, et vous obtiendrez sa confession.
Adieu, ma ch��re maman. Clotilde est donc d��cid��ment grosse? j'en suis ravie. Caroline ne m'��crit point. Oscar est-il mieux portant et plus fort? Je vous embrasse bien tendrement; donnez-moi de vos nouvelles et croyez en vos enfants.
AURORE.
Comment traitez-vous l'ami _vicomte_? Faites-lui mes amiti��s sinc��res, si toutefois vous ��tes contente de lui.
[1] Fille d'Hipolyte Chatiron et ni��ce de George Sand. [2] Ex-colonel de chasseurs �� cheval, ami du colonel Maurice Dupin, de George Sand et du colonel Dudevant, son beau p��re.
XI
A M. CARON, A PARIS
Nohant, 19 novembre 1826.
Mon cher Caron,
Je partage bien sinc��rement votre douleur, dont j'appr��cie l'amertume. Je sais que vous ��tiez le mod��le des bons fils et que jamais larmes ne furent plus vraies que les v?tres. Je n'essayerai point avec vous les vaines et communes consolations qu'on donne en pareil cas. Si vous ��tes comme moi, ces st��riles efforts ne feraient qu'aigrir votre chagrin. S?re que votre raison vous dit, mieux que moi, toutes les raisons de notre soumission envers les immuables lois de la destin��e, je me bornerai �� pleurer avec vous dans toute l'effusion d'un coeur sinc��rement attach��, qui partagera toujours vos plaisirs et vos peines.
Vous avez tort d'ajouter �� des regrets trop fond��s, des r��flexions tristes mais imaginaires. Vous dites que cette perte vous laisse seul sur la terre. Sans doute, rien ne remplace une bonne m��re; mais il vous reste de vrais amis. Vous ��tes fait pour en avoir, et vous savez, j'esp��re, que vous en poss��dez de bien vrais dans Casimir et dans sa femme. Je regrette de n'��tre pas aupr��s de vous pour vous d��tourner de ces noires id��es, et vous prouver qu'il est encore des coeurs qui s'int��ressent �� vous.
XII
A MADAME MAURICE DUPIN CHEZ MADAME GAZAMAJOU, A CHARLEVILLE (ARDENNES)
23 d��cembre 1826.
Ma ch��re maman,
Vous m'avez laiss��e bien longtemps sans nouvelles de vous, et j'ai moi-m��me attendu bien longtemps �� vous remercier de votre lettre. Mais j'ai ��t�� si souffrante, et je le suis encore tellement, que j'ai bien de la peine �� ��crire. Ma sant�� se ressent du mois de d��cembre, et j'ai des maux de poitrine qui m'��puisent; je n'ai ni sommeil ni app��tit. Tout me d��go?te, et je ne trouve de bon que l'eau claire, qui ne m'engraisse pas, comme vous pensez bien. La nuit, j'ai des oppressions insupportables, mon drap me semble peser cent livres, et je suis r��duite �� regarder les ��toiles au lieu de dormir. Tout cela est fort ennuyeux, mais je ne perds pas courage. C'est un temps �� passer. Depuis trois ans, l'hiver m'est tr��s contraire, et le printemps me ram��ne la sant��. J'attends cette douce saison avec impatience.
Vous avez bien raison de quitter Paris, o�� l'on se tue, o�� l'on se vole, o�� l'on est moins en s?ret�� qu'au milieu de la for��t Noire. Caroline doit se trouver bien heureuse de votre compagnie, et ne plus regretter Paris. Oscar vous distrait et vous int��resse. J'ai grande impatience de le revoir, il doit ��tre bien grandi et
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