Contes merveilleux, Tome II | Page 7

Hans Christian Andersen
coeurs qui ne sont plus jeunes; et il y en avait fort peu, il faut l'avouer, dans les dahlias et dans les chrysanth��mes. Aussi le papillon se tourna-t-il en dernier recours vers la menthe. Cette plante ne fleurit pas, mais on peut dire qu'elle est fleur tout enti��re, tant elle est parfum��e de la t��te au pied; chacune de ses feuilles vaut une fleur, pour les senteurs qu'elle r��pand dans l'air.?C'est ce qu'il me faut, se dit le papillon; je l'��pouse.? Et il fit sa d��claration.
La menthe demeura silencieuse et guind��e, en l'��coutant. �� la fin elle dit:
--Je vous offre mon amiti��, s'il vous pla?t, mais rien de plus. Je suis vieille, et vous n'��tes plus jeune. Nous pouvons fort bien vivre l'un pour l'autre; mais quant �� nous marier... sachons �� notre age ��viter le ridicule.
C'est ainsi qu'il arriva que le papillon n'��pousa personne. Il avait ��t�� trop long �� faire son choix, et c'est une mauvaise m��thode. Il devint donc ce que nous appelons un vieux gar?on.
L'automne touchait �� sa fin; le temps ��tait sombre, et il pleuvait. Le vent froid soufflait sur le dos des vieux saules au point de les faire craquer. Il n'��tait pas bon vraiment de se trouver dehors par ce temps-l��; aussi le papillon ne vivait-il plus en plein air. Il avait par fortune rencontr�� un asile, une chambre bien chauff��e o�� r��gnait la temp��rature de l'��t��. Il y e?t pu vivre assez bien, mais il se dit: ?Ce n'est pas tout de vivre; encore faut-il la libert��, un rayon de soleil et une petite fleur.? Il vola vers la fen��tre et se heurta �� la vitre. On l'aper?ut, on l'admira, on le captura et on le ficha dans la bo?te aux curiosit��s.? Me voici sur une tige comme les fleurs, se dit le papillon. Certainement, ce n'est pas tr��s agr��able; mais enfin on est cas��: cela ressemble au mariage.? Il se consolait jusqu'�� un certain point avec cette pens��e.?C'est une pauvre consolation?, murmur��rent railleusement quelques plantes qui ��taient l�� dans des pots pour ��gayer la chambre.? Il n'y a rien �� attendre de ces plantes bien install��es dans leurs pots, se dit le papillon; elles sont trop �� leur aise pour ��tre humaines.?

Papotages d'enfants
Dans la maison d'un marchand, de nombreux enfants se r��unirent un jour, des enfants de familles riches, des enfants de familles nobles. Monsieur le marchand avait r��ussi; c'��tait un homme ��rudit puisque jadis, il ��tait entr�� �� l'Universit��. Son p��re qui avait commenc�� comme simple commer?ant, mais honn��te et entreprenant, lui avait fait lire des livres. Son commerce rapportait bien et le marchand faisait encore multiplier cette richesse. Il avait aussi bon coeur et la t��te bien en place, mais de cela on parlait bien moins souvent que de sa grosse fortune. Se r��unissaient chez lui des gens nobles, comme on dit, par leur titre, mais aussi par leur esprit, certains m��me par les deux �� la fois mais d'autres ni par l'un ni par l'autre. En ce moment, une petite soir��e d'enfants y avait lieu, on entendait des enfants papoter; et les enfants n'y vont pas par quatre chemins. Il y avait par exemple une petite fille tr��s mignonne mais terriblement pr��tentieuse; c'��taient ses domestiques qui le lui avaient appris, pas ses parents qui ��taient bien trop raisonnables pour cela. Son p��re ��tait majordome, c'��tait une haute fonction et elle le savait bien.
--Je suis une enfant de majordome, se vantait-elle.
Elle pouvait aussi bien ��tre la fille des Tartempion, on ne choisit pas ses parents. Elle raconta aux autres qu'elle ��tait ?noble? et affirma que celui qui n'��tait pas bien n�� n'arriverait jamais �� rien dans la vie. On pouvait travailler avec assiduit��, si l'on n'est pas bien n�� on n'arrivera �� rien.
--Et ceux dont les noms se terminent par sen, proclama-t-elle, ne pourront jamais r��ussir dans la vie. Devant tous ces sen et sen, il n'y a plus que poser ses mains sur les hanches et s'en tenir bien �� l'��cart!
Et aussit?t elle posa ses jolies petites mains �� sa taille, les coudes bien pointus pour montrer aux autres comment il fallait traiter ces gens-l��. Quels jolis bras avait-elle! Une petite fille tr��s charmante!
Or, la fille de monsieur le Marchand se mit en col��re. C'est que son p��re s'appelait Madsen et c'est aussi, h��las! un nom en sen; elle se gonfla et d��clara avec fiert��:
--Seulement mon p��re peut acheter pour cent ��cus d'or de friandises et les jeter dans la rue! Et pas le tien!
--Ce n'est rien, mon p��re �� moi, se vanta la fillette d'un r��dacteur, peut mettre ton p��re et ton p��re et tous les p��res dans le journal! Tout le monde a peur de lui, dit maman, car c'est mon p��re qui dirige le journal.
Et elle leva son petit nez comme si elle ��tait une
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