successivement des marchandes d'amour tarif��, des charcuti��res sentimentales, le tout sans pr��judice pour deux ou trois ��pouses de fonctionnaires et une femme colosse de la foire.
Ajoutons que cette derni��re passion demeura platonique et fut d��sastreuse pour la carri��re du jeune et brillant tringlot.
La Belle Ardennaise ��tait-elle vraiment la plus jolie femme du si��cle, comme le d��clarait l'enseigne de sa baraque? Je ne saurais l'affirmer, mais elle en ��tait s?rement l'une des plus volumineuses....
Son petit mollet aurait pu servir de cuisse �� plus d'une jolie femme; quant �� sa cuisse, seule une cha?ne d'arpenteur aurait pu en ��valuer les suggestifs contours.
Sa toilette se composait d'une robe en peluche chaudron qui s'harmonisait divinement avec une toque de velours ��carlate. Exquis, vous dis-je!
Et voil��-t-il pas que cet idiot de Gaston se mit �� devenir amoureux, amoureux comme une brute de la Belle Ardennaise!
Mais la Belle Ardennaise ne pesait pas tant de kilos pour ��tre une femme l��g��re et Puyraleux en fut pour ses frais de tendresse et ses effets de dolman num��ro 1.
Ce serait mal conna?tre Puyraleux que de le croire capable d'accepter une aussi humiliante d��faite.
Il s'assura que la Belle Ardennaise couchait seule dans sa roulotte, le barnum et sa femme dormant dans une autre voiture.
Le dessein de Gaston ��tait d'une simplicit�� biblique.
Par une nuit sombre, aid�� de Plumard, son d��vou�� brosseur, il arriva sur le champ de foire, lequel n'��tait troubl�� que par les vagues rugissements de fauves m��lancolieux.
En moins de temps qu'il ne faut pour l'��crire, il attela �� la roulotte de la grosse dame deux chevaux appartenant au gouvernement fran?ais, d��cha?na les roues, fit sauter les cales....
Et les voil�� partis �� grande allure vers la campagne endormie.
Rien d'abord ne r��v��la, dans la voiture, la pr��sence d'ame qui vive.
Mais bient?t, les derni��res maisons franchies, une fen��tre s'ouvrit pour donner passage �� une grosse voix rauque, coutumi��re des ordres brefs, qui poussa un formidable: Halte!
Les bons chevaux s'arr��t��rent docilement, et Puyraleux se d��guisa imm��diatement en tringlot qui n'en m��ne pas large.
La grosse voix rauque sortait d'un gosier bien connu �� Vernon, le gosier du commandant baron Leboult de Montmachin.
Prenant vite son parti, Puyraleux s'approcha de la fen��tre, son k��pi �� la main.
�� la pale clart�� des ��toiles, le commandant reconnut le brigadier:
--Ah! c'est vous, Puyraleux?
--Mon Dieu, oui, mon commandant!
--Qu'est-ce que vous foutez ici?
--Mon Dieu, mon commandant, je vais vous dire: me sentant un peu mal �� la t��te, j'ai pens�� qu'un petit tour �� la campagne!...
Pendant cette conversation un peu p��nible des deux c?t��s, le commandant r��parait sa toilette actuellement sans prestige.
La Belle Ardennaise prof��rait contre Gaston des propos pleins de trivialit�� discourtoise.
--Vous allez me faire l'amiti��, Puyraleux, conclut le commandant Leboult de Montmachin, de reconduire cette voiture o�� vous l'avez prise.... Nous recauserons de cette affaire-l�� demain matin.
Inutile d'ajouter que ces messieurs ne reparl��rent jamais de cette affaire-l��, mais Puyraleux n'��prouva aucune surprise, au d��part de la classe, de ne pas se voir promu mar��chal des logis.
Et il le regretta bien vivement, car s'��tant toujours piqu�� d'��tre dans le train, il esp��rait y fournir une carri��re honorable.
L'autographe homicide
J'��tais rest�� absent de Paris pendant quelques mois, fort pris par un voyage d'exploration dans la r��gion nord-ouest de Courbevoie.
Quand je rentrai �� Paris, des lettres s'amoncelaient sur le bureau de mon cabinet de travail; parmi ces derni��res, une, bord��e de noir.
C'est ainsi que j'��prouvai la douloureuse stupeur d'apprendre le d��c��s de mon pauvre ami Bonaventure Desmachins, tr��pass�� dans sa vingt-huiti��me ann��e.
--Comment, m'��criai-je, Desmachins! Un gar?on si bien portant, si vigoureusement constitu��!
Mais quand j'appris, quelques heures plus tard, de quoi ��tait mort Desmachins, ma douloureuse stupeur fit alors place �� un si vif ��patement que j'en tombai de mon haut (2 m 08).
--Comment, me r��criai-je, Desmachins! Un gar?on si rang��, si vertueux!
Le fait est que la chose paraissait invraisemblable.
Pauvre Desmachins! Je le vois encore si tranquille, si bien peign��, si bien ordonn�� dans son existence.
Il avait bien ses petites manies, parbleu! mais qui n'a pas les siennes?
Par exemple, il n'aurait pas, pour un boulet de canon, achet�� un timbre-poste ailleurs qu'�� la Civette du Th��atre-Fran?ais. Il pr��tendait qu'en s'adressant �� cette boutique, il r��alisait des ��conomies consid��rables de ports de lettres, les timbres de la Civette ��tant plus secs, par cons��quent plus l��gers et moins idoines �� surcharger la correspondance.
Innocente manie, n'est-il pas vrai?
Si Desmachins n'avait eu que ce petit faible, il vivrait encore �� l'heure qu'il est. Malheureusement, il avait une passion d'apparence non dangereuse, mais qui, pourtant, le conduisit �� la tombe.
Desmachins collectionnait les autographes.
Il les collectionnait comme la lionne aime ses petits: farouchement.
Et il en avait, de ces autographes! Il en avait! Mon Dieu, en avait-il!
De tout le monde, par exemple: de Napol��on Ier, d'Yvette Guilbert, de Chincholle, de Henry Gauthier-Villars, de Charlemagne....
Il est vrai que celui de Charlemagne!... J'en savais la provenance, mais, pour ne point d��soler Desmachins, je
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