Contes et historiettes à lusage des jeunes enfants | Page 3

Zulma Carraud
le beau soleil du bon Dieu qui
réjouit tout autour de moi. Ça me fait penser plus souvent à lui, et je me
sens toute contente.»

LE CONSEIL.
Si tu veux être aimé de tout le monde, mon fils, ne répète jamais rien de
ce que tu entends dire, et ne parle pas de ce que tu vois faire à chacun.
On fuit l'enfant qui rapporte les choses qu'il a entendues, et l'on se tait
aussitôt qu'on le voit paraître; ses parents même s'en méfient, et il est
délaissé par tous.

L'OBÉISSANCE.
La nourrice d'Aline lui avait promis de l'emmener manger du raisin à sa
vigne; mais la mère dit qu'il n'était pas raisonnable de sortir par la
grande chaleur. Aline avait si grande envie d'aller avec sa nourrice,
qu'elle se mit plusieurs fois en route pour la vigne; mais elle s'arrêta
toujours au détour du chemin, et revint sur ses pas.
A dîner, sa mère lui dit:

«Ma fille, tu as l'air bien satisfait: que t'est-il donc arrivé d'heureux?
--Maman, je vous ai obéi, quoiqu'il m'en ait coûté beaucoup, et je suis
bien plus satisfaite que si j'étais allée à la vigne de ma nourrice.
--C'est que, mon enfant, la satisfaction de la conscience est la première
de toutes les satisfactions.»

LE SERIN.
«Tu sembles bien occupée, Emma, et pourtant tu n'apprends pas ta
leçon. Dis-moi un peu ce qui se passe dans ta tête?
--Maman, je regarde mon serin donner la becquée à ses petits.
Voyez-les ouvrir le bec, tous à la fois! Croyez-vous qu'il les appâte
régulièrement les uns après les autres, ou bien laisse-t-il prendre la
pâture plus souvent à ce petit glouton qui se met toujours devant ses
frères?
[Illustration: Maman, je regarde mon serin donner la becquée à ses
petits.]
--Ma fille, ton serin donne à tous également, parce qu'une mère aime
également ses enfants et n'en favorise aucun aux dépens des autres,
cette mère fût-elle un oiseau.»

LE FEU.
«Anaïs, ne touche donc pas ainsi au feu.
--Pourquoi donc, maman?
--Parce que tu pourrais bien faire sauter un charbon sur ta robe, ce qui
est fort dangereux.
--Mais, maman, vous n'en faites pas sauter, vous!
--C'est que j'ai l'habitude d'arranger le feu.
--Mais, maman, je suis fort adroite, je vous assure.
--Eh bien, ma fille, puisque tu raisonnes ainsi, je te défends
positivement de toucher au feu.»
Sa mère n'eut pas plutôt quitté la chambre qu'Anaïs voulut refaire le feu,
et une bûche roula sur sa robe qui s'enflamma. L'enfant poussa des cris
aigus, et l'on vint à son secours: pas assez tôt cependant pour la
préserver de toute brûlure. Elle eut une joue fort endommagée, et
chaque fois qu'elle se regardait dans un miroir, cette brûlure lui
rappelait qu'une petite fille doit toujours suivre les avis de sa mère.

LA PRIÈRE.
Priez avec attention, mes petits amis. Remerciez Dieu qui vous a donné
une mère pour le remplacer auprès de vous, qui avez si grand besoin
d'être protégés. Il vous a aussi donné un père pour vous procurer tout ce
qui est nécessaire à la vie; puis des belles fleurs pour vous réjouir les
yeux et un beau soleil qui leur donne le parfum. N'oubliez jamais que
Dieu bénit le petit enfant qui fait bien sa prière.

LA PETITE MAMAN.
La femme d'un pauvre jardinier nourrissait deux enfants jumeaux et se
désolait de ne pouvoir plus aider à son mari dans ses travaux de
jardinage; car leur famille était nombreuse et ils avaient bien de la
peine à la nourrir. La petite Manette, sa fille aînée, qui n'avait que dix
ans, lui dit un jour:
«Maman, allez donc travailler avec mon père; laissez-moi les petits;
j'en aurai grand soin, et je vous les porterai quand ils auront faim.»
En effet, Manette ne quitta plus ses petits frères; elle les berçait pour les
endormir, ou bien elle les promenait l'un après l'autre, enfin, elle leur
faisait boire du lait sucré pour ne pas déranger sa mère trop souvent. La
pauvre femme, en voyant ses jumeaux si bien soignés, dit à sa fille:
«Manette, mon enfant le bon Dieu te bénira, parce que tu es une bonne
petite maman pour tes petits frères.»

LE SECOURS MUTUEL.
En sortant de classe, un grand écolier brutal donna à un écolier petit et
faible, nommé Jeannot, un vigoureux coup de poing dans le dos, et
l'envoya tomber à quelques pas. Un autre écolier tout aussi fort que le
premier battit l'agresseur à son tour, tant il était révolté de sa brutalité.
Il s'en alla relever Jeannot, qui étanchait le sang coulant d'une blessure
qu'il s'était faite au front en tombant, et il le reconduisit chez son père.
Jeannot conçut une grande amitié pour son camarade Louiset qui avait
pris sa défense. Louiset ne
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