VOYAGE?ET COMMENT ROSE-ROSE ATTENDIT LEUR RETOUR
On ne pouvait pas, en effet,?Contredire en cette occurrence,?Car il n'��tait pas m��me en France?De Prince en tout point si parfait:?Et les Abeilles, �� l'entendre,?D'une part avaient approuv��?Tout ce que Rose avait r��v��?De beau, de sinc��re et de tendre,?Mais, d'autre part, le pire ��tait?Que par mainte et mainte contr��e?Elles la savaient s��par��e?De Myrtil, et qu'il habitait?Au del�� des terres connues,?En des pays si fort distants,?Qu'il leur faudrait bien bien longtemps?Avant que d'��tre revenues.?Car le monde est grand, ce dit-on.?Pourtant, nos bonnes confidentes,?Quoique tr��s sages et prudentes,?N'object��rent rien sur ce ton,?Sachant que l'amour ne raisonne?Et n'en veut qu'�� son bon plaisir,?N'ayant le go?t ni le loisir?De croire ou d'entendre personne.?--En rien donc ne contrariant?Son dessein, l'ambassade ail��e?Apr��s s'��tre au ciel assembl��e,?Tourna son vol vers l'Orient:?Elle allait si fort admir��e,?Comme un globe d'or dans les cieux.?Et paraissait �� tous les yeux?Si prompte, si belle et dor��e,?Que telle ambassade, je crois,?N'alla du Louvre ou de Versailles?N��gocier les fian?ailles?D'aucune fille de nos rois!
Rose ainsi fit qu'aux messag��res?Elle avait dit qu'elle ferait;?Chaque jour, elle se parait?D'��toffes blanches et l��g��res;?Les myrtes aux roses m��l��s?Ceignaient son front, et s?re d'elle?Et de son bel amour fid��le,?Malgr�� bien des jours ��coul��s?Dans l'attente et la solitude,?En son Castel, chaque matin,?Elle attendait l'��poux lointain?Sans trouble et sans incertitude.?Et tel ��tait son sentiment?Et sa foi, que la longue attente?Ne la rendait que plus constante,?Et que l'on admirait comment?Sa magnifique indiff��rence?Mettant la Cour en d��sarroi?D��concertait maint fils de Roi?Venu dans une autre esp��rance,?Son P��re ��tait tout d��confit?Et le pauvre homme en cette affaire?Ne savait vraiment plus que faire:?Et que vouliez-vous bien qu'il fit??Larmes, pri��res, ��taient vaines;?Et ce fut tout de m��me en vain?Qu'il s'enquit d'un fameux devin?Et qu'il ordonna des neuvaines.?Rose n'entendait pas raison.?Et revenait, sans ��tre lasse,?Chaque jour �� la m��me place?Consulter le pale horizon?D��s l'aube.--Et la belle songeuse?Ne songeait �� rien qu'�� l'amant,?Que lui ramenait s?rement?Son ambassade voyageuse.
IV
COMMENT MYRTIL FIT A TRAVERS LE MONDE UN VOYAGE?MERVEILLEUX QUI DURA CENT ET?CINQUANTE ANNEES.
Myrtil s'��tait mis en chemin,?Guid�� par les bonnes Abeilles.?Lorsqu'il les eut de ses oreilles?Ou?, comme en langage humain,?Qui contaient l'histoire suivie?De son beau songe trait pour trait,?Et comment Rose l'attendrait?S'il le fallait, toute la vie,?Aussit?t le Prince amoureux,?Malgr�� tout le noble entourage,?Qui ne craignait que son courage?En ce d��part aventureux,?Prit une belle et bonne arm��e?Et se mit en marche �� travers?Tant et tant de peuples divers,?Pour retrouver sa bien aim��e,?Qu'il n'est Monarque ou Conqu��rant?Qui, pour de moins belles victoires?Et des travaux moins m��ritoires,?N'en ait re?u le nom de Grand.
L'Amant, dont la fortune heureuse?N'avait que des coups surprenants,?Par les mers et les continents?Promenait sa gloire amoureuse.?--Mais, si je tire du r��cit,?Dont j'ai suivi le commentaire,?Qu'il venait du bout de la terre,?Notre monde se r��tr��cit?Et n'a plus la m��me apparence;?Car, outre les pays connus?Dont bien des gens sont revenus,?Tels que Chine, Inde, Egypte et France,?Il avait encor parcouru?Bien des mers depuis ignor��es?Et de fabuleuses contr��es?Qui de ce monde ont disparu:?La mer o�� chantaient les Sir��nes?Et les vallons m��lodieux?Peupl��s de H��ros et de Dieux?Encor chers aux Muses sereines.?Le jardin d'Eden, o�� tomba?Adam et la race insoumise?Des hommes, la Terre Promise?Et le Royaume de Saba,?La c?te d'Ophir et, pr��s d'elle,?L'or en montagne accumul��,?Le Venusberg, l'?le Thul��,?O�� mourut le Vieux Roi fid��le,?Et les terres des Paladins,?Et la For��t o�� j'imagine?Que vivaient Morgane et Brangine,?L'Ile d'Armide et ses jardins?Avant Renaud et la Croisade,?Et tout l'Orient enchant��,?En mille et une nuits cont��?Par la bonne Sch��h��razade:?Et Myrtil allait �� travers?Le monde, entrainant �� sa suite,?En son amoureuse poursuite,?Tous les peuples de l'Univers!?Car les Abeilles ��taient F��es,?Et, d��s que son glaive avait lui,?Les rois vaincus dressaient pour lui?Des colonnes et des troph��es.
Si le voyage fut si grand?Que je n'ai pu faire le compte?Des merveilles qu'on en raconte,?Je puis, du moins, en comparant?Les dates qui m'en sont donn��es.?Conclure que, pour parcourir?L'Univers et le conqu��rir,?Il mit cent et cinquante ann��es.[1]
[Note 1: Ce calcul est insuffisant,?Car alors la belle dur��e?Des longs ans ��tait mesur��e?Autrement qu'elle est �� pr��sent.
(Note de l'auteur)]
V
COMMENT MYRTIL VIT LE PETIT CASTEL DE CIRE ET?LES ADMIRABLES CHANGEMENTS QUI S'��TAIENT?FAITS DANS LA NATURE DU JARDIN
Il est clair qu'un si grand concours?De peuples en tel ��quipage?Ne se meut point sans grand tapage.?Donc, par les chemins les plus courts,?Tous les courriers de la fronti��re?Revenaient en hate, annon?ant?A Rose qu'un Roi tout Puissant?Avait conquis la terre enti��re?Et n'avait plus qu'�� conqu��rir?Ce seul royaume, en telle sorte?Que son arm��e ��tait si forte,?Qu'il entrerait sans coup f��rir.
Rose ou?t ce pr��liminaire?Comme Reine, sans s'��mouvoir,?Ayant h��rit�� du pouvoir?De son p��re mort centenaire,?(On vivait tr��s vieux en ce temps).?Mais l'on s'��tonnait que la Reine?Demeurat d'humeur si sereine?Devant ces p��rils ��clatants.?Or, sans vous creuser la cervelle.?Vous avez devin�� comment?Rose ne s'��mut nullement?En entendant cette nouvelle,?Car vous pouvez vous figurer?Que quelque Abeille avant-coureuse?Avait dit �� notre amoureuse?Plus que de quoi la rassurer.?La Mouche-F��e, �� son oreille,?Comme une clochette d'or fin,?Sonna si doucement, qu'enfin?Rose n'eut joie autre
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