Confession de Minuit, by Georges Duhamel
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Title: Confession de Minuit Roman
Author: Georges Duhamel
Release Date: November 25, 2003 [EBook #10290]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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GEORGES DUHAMEL de L'Acad��mie Fran?aise
Confession de Minuit
ROMAN
I
Je n'en veux pas �� M. Sureau; Je suis tout �� fait m��content d'avoir perdu ma situation. Une douce situation, voyez-vous? Mais je n'en veux pas �� M. Sureau. Il ��tait dans son droit et je ne sais trop ce que j'aurais fait �� sa place; bien que, moi, je comprenne une foule de choses, malheureusement.
Il faut dire que M. Sureau n'a pas voulu comprendre. Il m'aurait ��t�� n��cessaire de lui donner des explications et, tout bien pes��, j'ai mieux fait de ne rien expliquer. Et puis, M. Sureau ne m'a pas laiss�� le temps de me ressaisir, de me justifier. Il a ��t�� vif. Tranchons le mot: il s'est montr�� brutal et m��me f��roce. ?a ne fait rien: je ne songe pas �� lui en vouloir.
Pour M. Jacob, c'est diff��rent: il aurait pu faire quelque chose en ma faveur. Pendant cinq ans, il m'a, chaque jour, soir et matin, regard�� travailler. Il sait que je ne suis pas un homme extraordinaire. Il me conna?t. C'est-��-dire qu'�� bien juger il ne me conna?t gu��re. Enfin! Il aurait pu prononcer un mot, un seul. Il n'a pas prononc�� ce mot, je ne lui en fais pas grief. Il a femme, enfants, et une r��putation avec laquelle il ne peut pas jouer.
A coup s?r, si je disais ce que je sais de M. Jacob... Mais, qu'il dorme tranquille: je ne dirai rien. Il ne m'a pas d��fendu, il ne m'a pas rep��ch��; toutes r��flexions faites, je ne lui en veux pas non plus. Ces gens ne sont pas oblig��s d'avoir des vues sur certaines choses. Il y a eu l�� un ensemble de circonstances tr��s p��nibles. Mettons, pour le moment, que la faute soit �� moi seul. Puisque le monde est fait comme vous savez, je veux bien reconna?tre que j'ai eu tort. On verra plus tard!
Il y a d'ailleurs longtemps de cette aventure. Je n'en parlerais pas si vous n'aviez pas r��veill�� de mauvais souvenirs. Et puis, il m'est arriv�� tant de choses, depuis, que je peux avoir oubli�� quelques d��tails. Je dois vous faire remarquer que je n'avais vu M. Sureau que trois fois. En l'espace de cinq ans, c'est peu. Cela tient �� ce que la maison Socque et Sureau est trop importante: ces messieurs ne peuvent pas entretenir des relations avec leurs deux mille employ��s. Quant �� mon service, il n'avait aucun rapport avec la direction.
Un matin donc, le t��l��phone se met �� sonner. Je ne sais si vous ��tes sensible aux sonneries, cloches, timbres et autres appareils de cette esp��ce infernale. Pour moi, j'ex��cre cela. L'existence d'une sonnerie ��lectrique dans l'endroit o�� je me tiens suffit �� troubler ma vie! Pour cette seule raison, il y a des moments o�� je me f��licite d'avoir quitt�� les bureaux. Une sonnerie, ce n'est pas un bruit comme les autres; c'est une vrille qui vous transperce soudain le corps, qui embroche vos pens��es et qui arr��te tout, jusqu'aux mouvements du coeur. On ne s'habitue pas �� cela.
Voil�� donc le t��l��phone qui se met �� sonner. Tout le bureau dresse l'oreille, sans en avoir l'air. La sonnerie s'arr��te, et on attend. Je ne suis pas plus nerveux qu'un autre, mais cette attente est encore un supplice, car on attend pour savoir s'il n'y aura pas plusieurs coups.
Un seul coup, c'est pour M. Jacob. Deux coups c'est pour Pflug, le Suisse. Moi, je marchais �� trois coups. Depuis que je suis parti, les trois coups doivent ��tre pour Oudin, qui, de mon temps ��tait �� quatre coups. Oudin! Il n'est pas nerveux non plus, celui-l��! D��s le premier coup, il commen?ait �� se manger un ongle, sans en avoir l'air, bien entendu. Et il a fini par avoir un panaris tournant �� ce doigt-l��.
Le jour en question, un coup, pas davantage. Un grand coup long, droit, irritant �� force d'assurance.
M. Jacob sort de derri��re sa demi-cloison; il sort de ce r��duit o�� il se tient comme un cheval de course dans son box. Il vient d��crocher l'appareil et, selon sa coutume, il S'accote, la t��te coll��e contre le mur, o�� ses cheveux ont, �� la longue, laiss�� une tache grasse.
La conversation commence. J'��coute �� moiti��: c'est toujours ��tonnant un bonhomme qui cause avec le
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