et C��lie sortent.)
ORLANDO.--Quelle passion appesantit donc ma langue? Je ne peux lui parler, et cependant elle provoquait l'entretien. (Le Beau rentre.) Pauvre Orlando, tu as renvers�� un Charles et quelque ��tre plus faible te ma?trise.
LE BEAU.--Mon bon monsieur, je vous conseille, en ami, de quitter ces lieux. Quoique vous ayez m��rit�� de grands ��loges, les applaudissements sinc��res et l'amiti�� de tout le monde, cependant telles sont maintenant les dispositions du duc qu'il interpr��te contre vous tout ce que vous avez fait: le duc est capricieux; enfin, il vous convient mieux �� vous de juger ce qu'il est, qu'�� moi de vous l'expliquer.
ORLANDO.--Je vous remercie, monsieur; mais, dites-moi, je vous prie, laquelle de ces deux dames, qui assistaient ici �� la lutte, ��tait la fille du duc?
LE BEAU.--Ni l'une ni l'autre, si nous les jugeons par le caract��re: cependant la plus petite est vraiment sa fille, et l'autre est la fille du duc banni, d��tenue ici par son oncle l'usurpateur, pour tenir compagnie �� sa fille; elles s'aiment, l'une et l'autre, plus que deux soeurs ne peuvent s'aimer. Mais je vous dirai que, depuis peu, ce duc a pris sa charmante ni��ce en aversion, sans aucune autre raison, que parce que le peuple fait l'��loge de ses vertus, et la plaint par amour pour son bon p��re. Sur ma vie, l'aversion du duc contre cette jeune dame ��clatera tout �� coup.--Monsieur, portez-vous bien; par la suite, dans un monde meilleur que celui-ci, je serai charm�� de lier une plus ��troite connaissance avec vous, et d'obtenir votre amiti��.
ORLANDO.--Je vous suis tr��s-redevable: portez-vous bien. (Le Beau sort.) Il faut donc que je tombe de la fum��e dans le feu[11]. Je quitte un duc tyran pour rentrer sous un fr��re tyran: mais, ? divine Rosalinde!...
(Il sort.)
[Note 11: From the smoke into the smother, de la fum��e dans l'��touffoir.]
SC��NE III
Appartement du palais.
Entrent C��LIE et ROSALINDE.
C��LIE.--Quoi, cousine! quoi, Rosalinde!--Amour, un peu de piti��! Quoi, pas un mot!
ROSALINDE.--Pas un mot �� jeter �� un chien[12].
C��LIE.--Non; tes paroles sont trop pr��cieuses pour ��tre jet��es aux roquets, mais jettes-en ici quelques-unes; allons, estropie-moi avec de bonnes raisons.
ROSALINDE.--Alors il y aurait deux cousines d'enferm��es, l'une serait estropi��e par des raisons[13], et l'autre folle sans aucune raison.
C��LIE.--Mais tout ceci regarde-t-il votre p��re?
ROSALINDE.--Non; il y en a une partie pour le p��re de mon enfant[14].--Oh! que le monde de tous les jours est rempli de ronces!
[Note 12: Expression proverbiale.]
[Note 13: Lame me with reasons, rends-moi boiteuse par de bonnes raisons.
On a derni��rement voulu prouver par ces mots que Shakspeare ��tait boiteux en traduisant: Prouvez-moi que je suis boiteux. On a compt�� combien de fois le mot lame ��tait dans ses oeuvres; et chaque fois a ��t�� une preuve.]
[Note 14: Mon futur ��poux.]
C��LIE.--Ce ne sont que des chardons, cousine, jet��s sur toi par jeu dans la folie d'un jour de f��te: mais si nous ne marchons pas dans les sentiers battus, ils s'attacheront �� nos jupons.
ROSALINDE.--Je les secouais bien de ma robe; mais ces chardons sont dans mon coeur.
C��LIE.--Chasse-les en faisant: hem! hem!
ROSALINDE.--J'essayerais, s'il ne fallait que dire hem et l'obtenir.
C��LIE.--Allons, allons, il faut lutter contre tes affections.
ROSALINDE.--Oh! elles prennent le parti d'un meilleur lutteur que moi!
C��LIE.--Que le ciel te prot��ge! Tu essayeras, avec le temps, en d��pit d'une chute.--Mais laissons l�� toutes ces plaisanteries, et parlons s��rieusement: est-il possible que tu tombes aussi subitement et aussi ��perdument amoureuse du plus jeune des fils du vieux chevalier Rowland?
ROSALINDE.--Le duc mon p��re aimait tendrement son p��re.
C��LIE.--S'ensuit-il de l�� que tu doives aimer tendrement son fils? D'apr��s cette logique, je devrais le ha?r; car mon p��re ha?ssait son p��re: cependant je ne hais point Orlando.
ROSALINDE.--Non, je t'en prie, pour l'amour de moi, ne le hais pas.
C��LIE.--Pourquoi le ha?rai-je? N'est-il pas rempli de m��rite?
ROSALINDE.--Permets donc que je l'aime pour cette raison; et toi, aime-le parce que je l'aime.--Mais regarde, voil�� le duc qui vient.
C��LIE.--Avec des yeux pleins de courroux.
(Fr��d��ric entre avec des seigneurs de la cour.)
FR��D��RIC--Hatez-vous, madame, de partir et de vous retirer de notre cour.
ROSALINDE.--Moi, mon oncle?
FR��D��RIC.--Vous, ma ni��ce; et si dans dix jours vous vous trouvez �� vingt milles de notre cour, vous mourrez.
ROSALINDE.--Je supplie Votre Altesse de permettre que j'emporte avec moi la connaissance de ma faute. Si je me comprends moi-m��me, si mes propres d��sirs me sont connus, si je ne r��ve pas ou si je ne suis pas folle, comme je ne crois pas l'��tre, alors, cher oncle, je vous proteste que jamais je n'offensai Votre Altesse, pas m��me par une pens��e �� demi con?ue.
FR��D��RIC--Tel est le langage de tous les tra?tres; si leur justification d��pendait de leurs paroles, ils seraient aussi innocents que la grace m��me: qu'il vous suffise de savoir que je me m��fie de vous.
ROSALINDE.--Votre m��fiance ne suffit pas pour faire de moi une perfide. Dites-moi quels sont les indices de ma trahison?
FR��D��RIC.--Tu es fille de ton p��re,
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