Clotilde Martory, by Hector
Malot
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Title: Clotilde Martory
Author: Hector Malot
Release Date: August 31, 2004 [EBook #13336]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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MARTORY ***
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CLOTILDE MARTORY
PAR HECTOR MALOT
AVERTISSEMENT
M. Hector Malot qui a fait paraître, le 20 mai 1859, son premier roman
«LES AMANTS», va donner en octobre prochain son soixantième
volume «COMPLICES»; le moment est donc venu de réunir cette
oeuvre considérable en une collection complète, qui par son format, les
soins de son tirage, le choix de son papier, puisse prendre place dans
une bibliothèque, et par son prix modique soit accessible à toutes les
bourses, même les petites.
Pendant cette période de plus de trente années, Hector Malot a touché
à toutes les questions de son temps; sans se limiter à l'avance dans un
certain nombre de sujets ou de tableaux qui l'auraient borné, il a
promené le miroir du romancier sur tout ce qui mérite d'être étudié,
allant des petits aux grands, des heureux aux misérables, de Paris à la
Province, de la France à l'Étranger, traversant tous les mondes, celui
de la politique, du clergé, de l'armée, de la magistrature, de l'art, de la
science, de l'industrie, méritant que le poète Théodore de Banville
écrivît de lui «que ceux qui voudraient reconstituer l'histoire intime de
notre époque devraient l'étudier dans son oeuvre».
Il nous a paru utile que cette oeuvre étendue, qui va du plus
dramatique au plus aimable, tantôt douce ou tendre, tantôt passionnée
ou justiciaire, mais toujours forte, toujours sincère, soit expliquée, et
qu'il lui soit même ajouté une clé quand il en est besoin. C'est pourquoi
nous avons demandé à l'auteur d'écrire sur chaque roman une notice
que nous placerons à la fin du volume. Quand il ne prendra pas la
parole lui-même, nous remplacerons cette notice par un article critique
sur le roman publié au moment où il a paru, et qui nous paraîtra
caractériser le mieux le livre ou l'auteur.
Jusqu'à l'achèvement de cette collection, un volume sera mis en vente
tous les mois.
L'éditeur,
E.F.
CLOTILDE
MARTORY
I
Quand on a passé six années en Algérie à courir après les Arabes, les
Kabyles et les Marocains, on éprouve une véritable béatitude à se
retrouver au milieu du monde civilisé.
C'est ce qui m'est arrivé en débarquant à Marseille. Parti de France en
juin 1845, je revenais en juillet 1851. Il y avait donc six années que
j'étais absent; et ces années-là, prises de vingt-trois à vingt-neuf ans,
peuvent, il me semble, compter double. Je ne mets pas en doute la
légende des anachorètes, mais je me figure que ces sages avaient
dépassé la trentaine, quand ils allaient chercher la solitude dans les
déserts de la Thébaïde. S'il est un âge où l'on éprouve le besoin de
s'ensevelir dans la continuelle admiration des oeuvres divines, il en est
un aussi où l'on préfère les distractions du monde aux pratiques de la
pénitence. Je suis précisément dans celui-là.
A peine à terre je courus à la Cannebière. Il soufflait un mistral à
décorner les boeufs, et des nuages de poussière passaient en tourbillons
pour aller se perdre dans le vieux port. Je ne m'en assis pas moins
devant un café et je restai plus de trois heures accoudé sur ma table,
regardant, avec la joie du prisonnier échappé de sa cage, le mouvement
des passants qui défilaient devant mes yeux émerveillés. Le va-et-vient
des voitures très-intéressant; l'accent provençal harmonieux et doux; les
femmes, oh! toutes ravissantes; plus de visages voilés; des pieds
chaussés de bottines souples, des mains finement gantées, des chignons,
c'était charmant.
Je ne connais pas de sentiment plus misérable que l'injustice, et j'aurais
vraiment honte d'oublier ce que je dois à l'Algérie; ma croix d'abord et
mon grade de capitaine, puis l'expérience de la guerre avec les
émotions de la poursuite et de la bataille.
Mais enfin tout n'est pas dit quand on est capitaine de chasseurs et
décoré, et l'on n'a pas épuisé toutes les émotions de la vie quand on a eu
le plaisir d'échanger quelques beaux coups de sabre avec les Arabes.
Oui, les nuits lumineuses du désert sont admirables. Oui, le rapport est
intéressant... quelquefois. Mais il y a encore autre chose au monde.
Si
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