contemporains en g��n��ral avec cette clart�� de vue et ce bon go?t qui font de lui un des premiers et des plus grands critiques litt��raires fran?ais. Son oeuvre est presque exclusivement satirique et didactique; elle comprend douze _Satires_, douze _Epitres_, un _Art po��tique_ en quatre chants, un po��me satirique en six chants, _le Lutrin_, des po��sies diverses et des essais en prose.
Boileau se fait l'ap?tre de la "_raison_," c'est-a-dire du _naturel_ et de la _mesure_. D��test�� et craint de la plupart de ses contemporains, il jouit n��anmoins de la faveur royale; Louis XIV se l'attacha comme historiographe.
SATIRE VI.
(Sur les embarras de Paris. Fragment).
Qui frappe l'air, bon Dieu, de ces lugubres cris??Est-ce d'onc pour veiller qu'on se couche �� Paris??Et quel facheux D��mon, durant les nuit enti��res,?Rassemble ici les chats de toutes les goutti��res??J'ai beau sauter du lit, plein de trouble et d'effroi,?Je pense qu'avec eux tout l'enfer est chez moi:?L'un miaule en grondant comme un tigre en furie,?L'autre, roule sa voix comme un enfant qui crie.?Ce n'est pas tout encore: les souris et les rats?Semblent, pour m'��veiller, s'entendre avec les chats,?Plus importuns pour moi, durant la nuit obscure,?Que jamais, en plein jour, ne fut l'abb�� de Pure.
Tout conspire �� la fois �� troubler mon repos.?Et je me plains ici du moindre de mes maux;?Car, �� peine les coqs, commen?ant leur ramage,?Auront de cris aigus frapp�� le voisinage,?Qu'un affreux serrurier, laborieux Vulcain,?Qu'��veillera bient?t l'ardente soif du gain,?Avec un fer maudit, qu'�� grand bruit il appr��te,?De cent coups de marteau va me fendre la t��te.?J'entends del�� partout les charrettes courir,?Les ma?ons travailler, les boutioues s'ouvrir;?Tandis que, dans les airs, mille cloches ��mues,?D'un fun��bre concert font retentir les nues,?Et, se m��lant au bruit de la gr��le et des vents,?Pour honorer les morts font mourir les vivants.
Encor, je b��nirais la bont�� souveraine,?Si le ciel �� ces maux avait born�� ma peine!?Mais, si seul en mon lit je peste avec raison,?C'est encor pis vingt fois en quittant la maison.?En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la presse?D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse.?L'un me heurte d'un ais, dont je suis tout froiss��;?Je vois d'un autre coup mon chapeau renvers��;?L��, d'un enterrement la fun��bre ordonnance,?D'un pas lugubre et lent vers l'��glise s'avance;?Et plus loin des laquais, l'un l'autre s'aga?ant,?Font aboyer les chiens et jurer les passants.?Des paveurs, en ce lieu, me bouchent le passage;?L��, je trouve une croix de sinistre pr��sage;?Et des couvreurs, grimp��s au toit d'une maison,?En font pleuvoir l'ardoise et la tuile �� foison.?L��, sur une charrette, une poutre branlante?Vient, mena?ant de loin la foule qu'elle augmente:?Six chevaux attel��s �� ce fardeau pesant?Ont peine �� l'��mouvoir sur le pav�� glissant;?D'un carrosse, en tournant, il accroche la roue,?Et du choc le renverse en un grand tas de boue;?Quand un autre �� l'instant s'effor?ant de passer?Dans le m��me embarras se vient embarrasser.?Vingt carrosses bient?t arrivant �� la file?Y sont en moins de rien suivis de plus mille;?Et, pour surcro?t de maux, un sort malencontreux?Conduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs;?Chacun pr��tend passer; l'un mugit, l'autre jure;?Des mulets en sonnant augmentent le murmure;?Aussit?t, cent chevaux dans la foule appel��s?De l'embarras qui cro?t ferment les d��fil��s,?Et partout, des passants encha?nant les brigades,?Au milieu de la paix font voir les barricades.?On n'entend que des cris pouss��s confus��ment.?Dieu pour s'y faire ou?r tonnerait vainement.?Moi donc, qui dois souvent en certain lieu me rendre,?Le jour d��j�� baiss��, et qui suis las d'attendre,?He sachant plus tant?t �� quel saint me vouer,?Je me mets au hasard de me faire rouer,?Je saute vingt ruisseaux, j'esquive, je me pousse;?Gu��naud sur son cheval en passant m'��clabousse;?Et n'osant plus para?tre en l'��tat o�� je suis,?Sans songer o�� je vais, je me sauve o�� je puis.
JEAN DE LA FONTAINE.
(1623-1695)
La Fontaine naquit dans la petite ville de Chateau-Thierry, en Champagne, o�� son p��re ��tait ma?tre des eaux et for��ts. En courant �� travers les champs et les bois il apprit �� conna?tre la nature et les animaux qu'il d��peint si bien dans ses fables. Apr��s s'��tre tromp�� sur sa vocation religieuse et sa vocation juridique, il sollicita comme po��te la faveur du Surintendant des f?nances, Fouquet, qui se l'attacha. Apr��s la disgrace de ce dernier, La Fontaine passa de protecteur en protecteur, ��tant trop distrait et trop insouciant pour pourvoir lui-m��me �� son existence.
Les _Fables_, emprunt��es aux auteurs de l'antiquit��, du moyen-age et de l'��tranger, forment son oeuvre capitale; et s'il prend ?a et l�� "son bien o�� il le trouve," la composition, la langue et la versification, qui donnent leur valeur �� ces petits Chefs-d'oeuvre, lui appartiennent en propre. On l'a appel�� "l'_Inimitable_."
A part les _Fables_ divis��es en douze livres, La Fontaine a ��crit de nombreux _Contes_ en vers et des morceaux lyriques.
LE RAT DE VILLE ET LE RAT DES CHAMPS.
Autrefois le rat de ville?Invita le rat des champs,?D'une fa?on fort civile,?A des reliefs d'ortolans.
Sur
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