homme de loi, et par cons��quent il ne faudrait pas exiger de lui la pr��cision d'un procureur sur les questions de l��galit�� et de proc��dure que son mariage a soulev��es.
Il y a plusieurs rectifications �� faire �� son r��cit.
La famille de Lavigne, contrairement �� l'assertion des M��moires, ne donnait pas son consentement. Cependant on passa outre; il n'y eut pas de publicit��, pas de bans publi��s; qui les aurait publi��s, puisque, au plus fort du schisme introduit dans l'��glise par la Constituante, les pr��tres non asserment��s n'avaient plus d'��glise, qu'ils ��taient forc��s de fuir ou de se cacher, et qu'ils n'��taient pas plus comp��tents pour la publication des bans que pour la c��l��bration du mariage m��me? La b��n��diction nuptiale, celle que Chateaubriand appelle la premi��re (il y en eut donc une seconde!), fut donn��e sans l'accomplissement d'aucune des formalit��s prescrites par la loi alors en vigueur[2].
Il ne faut donc pas s'��tonner que sur la plainte des parents de Mademoiselle de Lavigne, de M. de Vauvert ou de tout autre, la justice se soit ��mue et ait commenc�� contre Chateaubriand une proc��dure pour rapt, enl��vement de mineure, violation de la loi, comme le disent les M��moires d'outre-tombe.
Mais les choses en ��tant venues �� ce point, la famille, comme il arrive d'ordinaire en pareil cas, se d��sista de son opposition et de sa plainte, et la justice, se pr��tant aux circonstances, accorda des d��lais pour donner le temps de proc��der �� un mariage r��gulier et l��gal.
C'est, en effet, ce qui eut lieu. Dans l'��glise paroissiale de Saint-Malo, le cur�� constitutionnel et asserment��, M. Duhamel, apr��s publication de bans, ou avec dispense r��guli��re de publications, c��l��bra publiquement le mariage de Fran?ois-Auguste de Chateaubriand et de C��leste de Lavigne. Acte en fut dress�� le jour m��me, 19 mars 1792, et c'est cet acte qui, au point de vue l��gal, constitue l'��tat civil des deux ��poux.
Le mariage ainsi c��l��br�� par le pr��tre comp��tent, le tribunal correctionnel, saisi d'une plainte qui se trouvait d��sormais sans objet, n'avait plus qu'�� prononcer une ordonnance de non-lieu, ou un acquittement. Mais Chateaubriand a eu tort de dire que la cause a ��t�� plaid��e et que le tribunal a jug�� valide, au civil, la b��n��diction nuptiale du pr��tre inserment��; aucun tribunal n'aurait pu valider un mariage c��l��br�� sans publications, sans publicit��, par un pr��tre incomp��tent, c'est l�� une premi��re erreur des M��moires; c'en est une seconde de pr��tendre que le cur�� constitutionnel, grassement pay��, ne r��clama plus contre la premi��re b��n��diction nuptiale: il r��clama si bien que, la consid��rant comme non avenue, il administra la seconde, ainsi que les registres de l'��tat civil de Saint-Malo en font foi.
Comment expliquer cependant que les M��moires d'outre-tombe aient donn�� une version si peu exacte des faits? La r��ponse est facile: mari��s l��gitimement, mais non l��galement, par le pr��tre inserment�� qu'ils avaient choisi, contraints par des poursuites judiciaires, M. et Madame de Chateaubriand ont d? se soumettre, comme �� une formalit�� impos��e, �� la b��n��diction du pr��tre qu'ils consid��raient comme schismatique; mais tout en c��dant �� la n��cessit��, comme ils l'ont fait, ils n'ont pas moins continu�� �� reconna?tre, dans leur for int��rieur, leur premi��re b��n��diction nuptiale comme le seul, le vrai lien religieux qui avait form�� leur union, et il a r��pugn�� sans doute �� Chateaubriand de faire l'aveu dans ses M��moires qu'il ait pu ��tre mari�� par un pr��tre schismatique.
Les m��mes faits, �� cette ��poque, ont d? se produire fr��quemment. C'��tait une cons��quence in��vitable de cette constitution civile du clerg�� d��cr��t��e par l'Assembl��e constituante. Les populations, surtout dans la Bretagne rest��e fid��le �� ses pr��tres pers��cut��s, les suivaient hors des villes jusque dans les lieux d��serts pour entendre la parole de Dieu et recevoir d'eux les secours de la religion. Que de mariages b��nis par eux n'a-t-il pas fallu faire r��gulariser ensuite pour se mettre en r��gle avec la loi civile!
Il n'y a donc rien d'��trange, comme on l'a pr��tendu, dans le mariage de Chateaubriand, et personne, sans doute, ne s'en serait occup�� si son coll��gue �� l'Acad��mie fran?aise, M. Viennet, n'avait mis en circulation une historiette que Sainte-Beuve ne pouvait manquer de recueillir et qu'il a reproduite en ces termes:
?M. Viennet, dans ses m��moires (in��dits) raconte qu'��tant entr�� au service de la marine vers 1797, il connut �� Lorient un riche n��gociant, M. Lavigne-Buisson, et se lia avec lui. Quand l'auteur d'Atala commen?a �� faire du bruit, M. Buisson dit �� M. Viennet: ?Je le connais, il a ��pous�� ma ni��ce, et il l'a ��pous��e de force.? Et il raconta comment M. de Chateaubriand, ayant �� contracter union avec Mademoiselle de Lavigne, aurait imagin�� de l'��pouser comme dans les com��dies, d'une fa?on postiche, en se servant d'un de ses gens comme pr��tre et d'un autre comme t��moin. Ce qu'ayant appris, l'oncle Buisson serait parti, muni d'une paire de pistolets et accompagn��
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