et que le nom d'Adeline format avec celui du Glayeul une sorte de raison sociale.
Pour l'habitation personnelle, il en avait ��t�� comme pour la fabrique: c'��tait impasse du Glayeul que le premier Adeline avait demeur��, c'��tait impasse du Glayeul que ses h��ritiers continuaient de demeurer; l'appartement ��tait bien noir cependant, peu confortable, compos�� de grandes pi��ces mal closes, mal ��clair��es, mais ils n'avaient besoin ni du bien-��tre ni du luxe que ne comprenaient point leurs id��es bourgeoises. A quoi bon? C'��tait dans l'argent amass�� qu'ils mettaient leur satisfaction; surtout dans l'importance, dans la consid��ration commerciale qu'il donne. Vendre, gagner, ��tre estim��s, pour eux tout ��tait l��, et ils n'��pargnaient rien pour obtenir ce r��sultat, surtout ils ne s'��pargnaient pas eux-m��mes: le mari travaillait dans la fabrique, la femme travaillait au bureau, et quand les fils revenaient du coll��ge de Rouen, les filles du couvent des Dames de la Visitation, c'��tait pour travailler,--ceux-ci avec le p��re, celles-l�� avec la m��re.
Jusqu'�� la Restauration, ils s'��taient content��s de cette petite existence, qui d'ailleurs ��tait celle de leurs concurrents les plus riches, mais �� cette ��poque le dernier des ducs d'Elbeuf ayant mis en vente ce qui lui restait de propri��t��s, ils avaient achet�� le chateau du Thuit, aux environs de Bourgtheroulde. A la v��rit��, ce nom de ?chateau? les avait un moment arr��t��s et failli emp��cher leur acquisition; mais de ce chateau d��pendaient une ferme dont les terres ��taient en bon ��tat, des bois qui rejoignaient la for��t de la Londe; l'occasion se pr��sentait avantageuse, et les bois, la ferme et les terres avaient fait passer le chateau, que d'ailleurs ils s'��taient empress��s de d��baptiser et d'appeler ?notre maison du Thuit?, se gardant soigneusement de tout ce qui pouvait donner �� croire qu'ils voulaient jouer aux chatelains: petits bourgeois ��taient leurs p��res, petits bourgeois ils voulaient rester, mettant leur ostentation dans la modestie.
Cependant cette acquisition du Thuit avait n��cessairement amen�� avec elle de nouvelles habitudes. Jusque-l�� toutes les distractions de la famille consistaient en promenades aux environs le dimanche, aux roches d'Orival, au ch��ne de la Vierge, en parties dans la for��t qui, quelquefois, en ��t��, se prolongeaient par le chateau de Robert-le-Diable jusqu'�� la Bouille, pour y manger des douillons et des matelotes. Mais on ne pouvait pas tous les samedis, par le mauvais comme par le beau temps, s'en aller au Thuit �� pied �� la queue leu-leu; il fallait une voiture; on en avait achet�� une; une vieille cal��che d'occasion encore solide, si elle ��tait ridicule; et, comme les harnais vendus avec elle ��taient plaqu��s en argent, on les avait r��cur��s jusqu'�� ce qu'il ne restat que le cuivre, qu'on avait laiss�� se ternir. Tous les samedis, apr��s la paye des ouvriers, la famille s'��tait entass��e dans le vieux carrosse charg�� de provisions, et par la c?te de Bourgtheroulde, au trot pacifique de deux gros chevaux, elle s'en ��tait all��e �� la maison du Thuit, o�� l'on restait jusqu'au lundi matin; les enfants passant leur temps �� se promener �� travers les bois, les parents parcourant les terres de la ferme, discutant avec les ouvriers les travaux �� ex��cuter, estimant les arbres �� abattre, toisant les tas de cailloux extraits dans la semaine ��coul��e.
Cependant ces moeurs qui ��taient alors celles de la fabrique elbeuvienne s'��taient peu �� peu modifi��es; le bien-��tre, le brillant, le luxe, la vie de plaisir, jusque-l�� �� peu pr��s inconnus, avaient gagn�� petit �� petit, et l'on avait vu des fils enrichis abandonner le commerce paternel, ou ne le continuer que mollement, avec indiff��rence, lassitude ou d��go?t. A quoi bon se donner de la peine? Ne valait-il pas mieux jouir de leur fortune dans les terres qu'ils achetaient, ou les chateaux qu'ils se faisaient construire avec le faste de parvenus?
Mais les Adeline n'avaient pas suivi ce mouvement, et chez eux les habitudes, les usages, les proc��d��s de la vieille maison ��taient en 1830 ce qu'ils avaient ��t�� en 1800, en 1870 ce qu'ils avaient ��t�� en 1850. Quand la vapeur avait r��volutionn�� l'industrie, ils ne l'avaient point syst��matiquement repouss��e mais ils ne l'avaient admise que prudemment, au moment juste o�� ils auraient d��chu en ne l'employant pas; encore, au lieu de se lancer dans des installations co?teuses, s'��taient-ils content��s de louer �� un voisin la force motrice n��cessaire �� la marche de leurs m��tiers m��caniques. Bonnes pour leurs concurrents, les innovations, mauvaises pour eux. Ils ��taient les plus hauts repr��sentants de la fabrique en chambre, ils voulaient rester ce qu'ils avaient toujours ��t��. Les manufactures puissantes qui s'��taient ��lev��es autour d'eux ne les avaient point tent��s. Ils n'enviaient point ces casernes vitr��es en serres et ces hautes chemin��es qui, jour et nuit, vomissaient des tourbillons de fum��e. C'��tait le chiffre d'affaires qui seul m��ritait consid��ration, et le leur ��tait sup��rieur �� ceux de leurs rivaux. Ils
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