mais toujours inutilement.
?Monsieur, dit Corcoran qui eut piti�� de son martyre, ne sonnez plus. Ce gar?on se sera pris de querelle avec Louison et aura quitt�� la salle.
--Avec Louison! s'��cria le pr��sident. Mais cette jeune personne est donc d'un bien mauvais caract��re?
--Non. Pas trop mauvais. Mais il faut savoir la prendre. Il aura voulu la brusquer. Elle est si jeune, elle se sera emport��e, probablement.
--Si jeune! Quel age a donc Mlle Louison?
--Cinq ans tout au plus, dit Corcoran.
--Oh! �� cet age-l��, il est facile d'en venir �� bout.
--Je ne sais pas. Elle ��gratigne quelquefois, elle mord....
--Mais, monsieur, dit le pr��sident, il n'y a qu'�� la transporter dans une autre salle.
--C'est difficile, r��pliqua Corcoran. Louison est volontaire; elle n'est pas habitu��e �� se voir contrari��e. Elle est n��e sous les tropiques, et ce climat br?lant a excit�� encore l'ardeur naturelle de son temp��rament....
--Voyons, dit le pr��sident, c'est assez causer de Mlle Louison. L'Acad��mie a quelque chose de plus important �� faire. Je reviens �� notre interrogatoire. Vous ��tes d'une sant�� robuste, monsieur?
--Je le suppose, r��pliqua Corcoran. J'ai eu deux fois le chol��ra, une fois la fi��vre jaune, et me voil��. J'ai mes trente-deux dents, et quant �� mes cheveux, touchez vous-m��me et voyez s'ils ressemblent �� une perruque.
--C'est bien. Et vous ��tes vigoureux, j'esp��re?
--Euh! dit Corcoran, un peu moins que mon d��funt p��re, mais assez pour ma consommation journali��re.?
En m��me temps, il regarda autour de lui, et, voyant que la fen��tre ��tait scell��e de gros barreaux de fer, il prit d'une main l'un des barreaux et, sans effort apparent, il le tordit comme un baton de cire rouge ramolli par le feu.
?Diable! voil�� un vigoureux gaillard, s'��cria un des acad��miciens.
--Oh! r��pliqua Corcoran d'un air tranquille ceci n'est rien. Mais si vous me montrez un canon de 36, je m'engagerai volontiers �� le porter sur la montagne de Fourvi��res.?
L'admiration des assistants commen?ait �� devenir de l'��pouvante.
?Et, continua le pr��sident, vous avez vu le feu, je suppose?
--Une douzaine de fois, dit Corcoran. Pas davantage. Dans les mers de la Chine et de Born��o, vous savez, un capitaine marchand doit toujours avoir quelques caronades �� bord pour se d��fendre des pirates.
--Vous avez tu�� des pirates?
--A mon corps d��fendant, r��pliqua le marin, et deux ou trois cents tout au plus. Oh! je n'��tais pas seul �� la besogne, et sur ce nombre, je n'en ai gu��re tu�� plus de vingt-cinq ou trente pour ma part. Mes matelots ont fait le reste.?
A ce moment, la s��ance fut interrompue.
On entendit dans la salle voisine le bruit d'une et de plusieurs chaises, qu'une personne inconnue venait de renverser.
?C'est insupportable! s'��cria le pr��sident. Il faut voir ce que c'est.
--Quand je vous disais qu'il ne fallait pas impatienter Louison! dit Corcoran. Voulez-vous que je l'am��ne ici pour la calmer? Elle ne peut pas vivre sans moi.
--Monsieur, r��pliqua assez aigrement un acad��micien, quand on a chez soi un enfant morveux, on le mouche; ou quinteux, on le corrige; ou criard, on le met au lit; mais on ne l'am��ne pas dans l'antichambre d'une soci��t�� savante!
--Vous n'avez plus de questions �� faire? demanda Corcoran sans s'��mouvoir.
--Pardon! une encore, monsieur, dit le pr��sident en raffermissant sur son nez ses lunettes d'or avec l'index de la main droite. ��tes-vous?... voyons, vous ��tes brave, fort et bien portant, cela se voit. Vous ��tes savant, et vous nous l'avez prouv�� en nous parlant couramment l'indoustani, qu'aucun de nous ne comprend; mais, voyons, ��tes-vous.... comment dirai-je?... fin et rus��, car vous savez qu'il faut l'��tre pour voyager chez ces peuples perfides et cruels. Et, quelque d��sir que l'Acad��mie ait de vous d��cerner le prix propos�� par notre illustre ami Delaroche, quelque passion qu'elle ait de retrouver le fameux Gouroukaramta que les Anglais ont cherch�� vainement dans toute la presqu'?le de l'Inde, cependant nous nous ferions un cas de conscience d'exposer une vie aussi pr��cieuse que la v?tre, et....
--Si je suis ou non rus��, interrompit Corcoran, je l'ignore. Mais je sais que mon crane ��tant celui d'un Breton de Saint-Malo, et les poignets qui pendent au bout de mes deux bras ��tant d'une rare pesanteur, et mon revolver ��tant de bonne fabrique, et mon dirk ��cossais ��tant d'une trempe sans pareille, je n'ai encore vu nul ��tre vivant qui ait mis impun��ment la main sur moi. C'est aux poltrons d'��tre rus��s. Dans la famille des Corcoran, on fait son trou devant soi, comme un boulet de canon, et l'on passe.
--Mais, dit encore le pr��sident, quel est donc cet affreux vacarme? C'est encore, je suppose, Mlle Louison qui s'amuse? Allez la calmer un instant, monsieur, ou la menacer du fouet, car on n'y peut plus tenir.
--Ici, Louison, ici!? s'��cria Corcoran sans quitter son fauteuil.
A cet appel, la porte s'ouvrit comme enfonc��e par une catapulte, et l'on vit appara?tre un tigre royal d'une grandeur et d'une beaut�� extraordinaires. D'un bond,
Continue reading on your phone by scaning this QR Code
Tip: The current page has been bookmarked automatically. If you wish to continue reading later, just open the
Dertz Homepage, and click on the 'continue reading' link at the bottom of the page.