Autour de la Lune | Page 7

Jules Verne
inexplicable. Le projectile ��tait parti cependant, et, cons��quemment, la d��tonation avait d? se produire.
?Sachons d'abord o�� nous en sommes, dit Barbicane, et rabattons les panneaux.?
Cette op��ration extr��mement simple, fut aussit?t pratiqu��e. Les ��crous qui maintenaient les boulons sur les plaques ext��rieures du hublot de droite, c��d��rent sous la pression d'une clef anglaise. Ces boulons furent chass��s au-dehors, et des obturateurs garnis de caoutchouc bouch��rent le trou qui leur donnait passage. Aussit?t la plaque ext��rieure se rabattit sur sa charni��re comme un sabord, et le verre lenticulaire qui fermait le hublot apparut. Un hublot identique s'��vidait dans l'��paisseur des parois sur l'autre face, du projectile, un autre dans le d?me qui le terminait, un quatri��me enfin au milieu du culot inf��rieur. On pouvait donc observer, dans quatre directions oppos��es, le firmament par les vitres lat��rales et plus directement, la Terre ou la Lune par les ouvertures sup��rieures et inf��rieures du boulet.
Barbicane et ses deux compagnons s'��taient aussit?t pr��cipit��s �� la vitre d��couverte. Nul rayon lumineux ne l'animait. Une profonde obscurit�� enveloppait le projectile. Ce qui n'emp��cha pas le pr��sident Barbicane de s'��crier:
?Non, mes amis, nous ne sommes pas retomb��s sur terre! Non, nous ne sommes pas immerg��s au fond du golfe du Mexique! Oui! nous montons dans l'espace! Voyez ces ��toiles qui brillent dans la nuit, et cette imp��n��trable obscurit�� qui s'amasse entre la Terre et nous!
?Hurrah! Hurrah!? s'��cri��rent d'une commune voix Michel Ardan et Nicholl.
En effet, ces t��n��bres compactes prouvaient que le projectile avait quitt�� la Terre, car le sol, vivement ��clair�� alors par la clart�� lunaire, e?t apparu aux yeux des voyageurs, s'ils eussent repos�� �� sa surface. Cette obscurit�� d��montrait aussi que le projectile avait d��pass�� la couche atmosph��rique, car la lumi��re diffuse, r��pandue dans l'air e?t report�� sur les parois m��talliques un reflet qui manquait aussi. Cette lumi��re aurait ��clair�� la vitre du hublot, et cette vitre ��tait obscure. Le doute n'��tait plus permis. Les voyageurs avaient quitt�� la Terre.
?J'ai perdu, dit Nicholl.
--Et je t'en f��licite! r��pondit Ardan.
--Voici neuf mille dollars, dit le capitaine en tirant de sa poche une liasse de dollars papier.
--Voulez-vous un re?u? demanda Barbicane en prenant la somme.
--Si cela ne vous d��soblige pas, r��pondit Nicholl. C'est plus r��gulier.?
Et, s��rieusement, flegmatiquement, comme s'il e?t ��t�� �� sa caisse, le pr��sident Barbicane tira son carnet, en d��tacha une page blanche, libella au crayon un re?u en r��gle, le data, le signa, le parapha, et le remit au capitaine qui l'enferma soigneusement dans son portefeuille.
Michel Ardan, ?tant sa casquette, s'inclina sans rien dire devant ses deux compagnons. Tant de formalisme en de pareilles circonstances lui coupait la parole. Il n'avait jamais rien vu de si ?am��ricain?.
Barbicane et Nicholl, leur op��ration termin��e, s'��taient replac��s �� la vitre et regardaient les constellations. Les ��toiles se d��tachaient en points vifs sur le fond noir du ciel. Mais, de ce c?t��, on ne pouvait apercevoir l'astre des nuits, qui, marchant de l'est �� l'ouest, s'��levait peu �� peu vers le z��nith. Aussi son absence provoqua-t-elle une r��flexion d'Ardan.
?Et la Lune? disait-il. Est-ce que, par hasard, elle manquerait �� notre rendez-vous?
--Rassure-toi, r��pondit Barbicane. Notre future sph��ro?de est �� son poste, mais nous ne pouvons l'apercevoir de ce c?t��. Ouvrons l'autre hublot lat��ral.?
Au moment o�� Barbicane allait abandonner la vitre pour proc��der au d��gagement du hublot oppos��, son attention fut attir��e par l'approche d'un objet brillant. C'��tait un disque ��norme, dont les colossales dimensions ne pouvaient ��tre appr��ci��es. Sa face tourn��e vers la Terre s'��clairait vivement. On e?t dit une petite Lune qui r��fl��chissait la lumi��re de la grande. Elle s'avan?ait avec une prodigieuse vitesse et paraissait d��crire autour de la Terre une orbite qui coupait la trajectoire du projectile. Le mouvement de translation de ce mobile se compl��tait d'un mouvement de rotation sur lui-m��me. Il se comportait donc comme tous les corps c��lestes abandonn��s dans l'espace.
?Eh! s'��cria Michel Ardan, qu'est cela? Un autre projectile??
Barbicane ne r��pondit pas. L'apparition de ce corps ��norme le surprenait et l'inqui��tait. Une rencontre ��tait possible, qui aurait eu des r��sultats d��plorables, soit que le projectile f?t d��vi�� de sa route, soit qu'un choc, brisant son ��lan, le pr��cipitat vers la Terre, soit enfin qu'il se v?t irr��sistiblement entra?n�� par la puissance attractive de cet ast��ro?de.
Le pr��sident Barbicane avait rapidement saisi les cons��quences de ces trois hypoth��ses qui, d'une fa?on ou d'une autre, amenaient fatalement l'insucc��s de sa tentative. Ses compagnons, muets, regardaient �� travers l'espace. L'objet grossissait prodigieusement en s'approchant, et par une certaine illusion d'optique, il semblait que le projectile se pr��cipitat au-devant de lui.
?Mille dieux! s'��cria Michel Ardan, les deux trains vont se rencontrer!?
Instinctivement, les voyageurs s'��taient rejet��s en arri��re. Leur ��pouvante fut extr��me, mais elle ne dura pas longtemps, quelques secondes �� peine. L'ast��ro?de passa �� plusieurs centaines de m��tres du projectile et disparut, non pas tant par la rapidit�� de sa course,
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