Andre

George Sand

Andre, by George Sand

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Title: Andre
Author: George Sand
Release Date: September 10, 2004 [EBook #13431]
Language: French
Character set encoding: ISO-8859-1
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[Illustration]
ANDR��

NOTICE
C'est �� Venise que j'ai r��v�� et ��crit ce roman. J'habitais une petite maison basse, le long d'une ��troite rue d'eau verte, et pourtant limpide, tout �� c?t�� du petit pont dei Barcaroli. Je ne voyais, je ne connaissais, je ne voulais voir et conna?tre quasi personne. J'��crivais beaucoup, j'avais de longs et paisibles loisirs, je venais d'��crire Jacques dans cette m��me petite maison. J'en ��tais attrist��e. J'avais dessein de fixer ma vie alternativement en France et �� Venise. Si mes enfants eussent ��t�� en age de me suivre �� Venise, je crois que j'y eusse fait un ��tablissement d��finitif, car, nulle part, je n'avais trouv�� une vie aussi calme, aussi studieuse, aussi compl��tement ignor��e. Et cependant, apr��s six mois de cette vie, je commen?ais �� ressentir une sorte de nostalgie dont je ne voulais pas convenir avec moi-m��me.
Cette nostalgie se traduisit pour moi par le roman d'Andr��. J'avais de temps en temps, pour restaurer mes nippes, une jeune ouvri��re, grande, blonde, ��l��gante, babillarde, qui s'appelait Loredana. Ma gouvernante ��tait petite, rondelette, pale, langoureuse, et tout aussi babillarde que l'autre, quoiqu'elle e?t le parler plus lent. Je n'��tais pas somptueusement log��e, tant s'en faut. Leurs longues causeries dans la chambre voisine de la mienne me d��rang��rent donc beaucoup: mais je finissais par les ��couter machinalement et puis alternativement, pour m'exercer �� comprendre leur dialecte dont mon oreille s'habituait �� saisir les rapides ��lisions. Peu �� peu je les ��coutais aussi pour surprendre dans leurs comm��rages, non pas les secrets des familles v��nitiennes qui m'int��ressaient fort peu, mais la couleur des moeurs intimes de cette cit��, qui n'est pareille �� aucune autre, et o�� il semble que tout dans les habitudes, dans les go?ts et dans les passions, doive essentiellement diff��rer de ce qu'on voit ailleurs. Quelle fut ma surprise, lorsque mon oreille fut blas��e sur le premier ��tonnement des formes du langage, d'entendre des histoires, des r��flexions et des appr��ciations identiquement semblables �� ce que j'avais entendu dans une ville de nos provinces fran?aises. Je me crus �� La Chatre! Les dames du lieu, ces belles et molles patriciennes qui fleurissent comme des cam��lias en serre dans l'air ti��de des lagunes, elles avaient, en passant par la langue si bien pendue de la Loredana, les m��mes vanit��s, les m��mes graces, les m��mes forces, les m��mes faiblesses que les fi��res et paresseuses bourgeoises de nos petites villes. Chez les hommes, c'��tait m��me bonhomie, m��me parcimonie, m��me finesse, m��me libertinage. Le monde des ouvriers, des artisans, de leurs filles et de leurs femmes, c'��tait encore comme chez nous, et je m'��criai du mot proverbial: Tutto il mondo �� fatto come la nostra famiglia.
Report��e �� mon pays, �� ma province, �� la petite ville o�� j'avais v��cu, je me sentis en disposition d'en peindre les types et les moeurs, et on sait que quand une fantaisie vient �� l'artiste, il faut qu'il la contente. Nulle autre ne peut l'en distraire. C'est donc au sein de la belle Venise, au bruit des eaux tranquilles que soul��ve la rame, au son des guitares errantes, et en face des palais f��eriques qui partout projettent leur ombre sur les canaux les plus ��troits et les moins fr��quent��s, que je me rappelai les rues sales et noires, les maisons d��jet��es, les pauvres toits moussus, et les aigres concerts de coqs, d'enfants et de chats de ma petite ville. Je r��vai l�� aussi de nos belles prairies, de nos foins parfum��s, de nos petites eaux courantes et de la botanique aim��e autrefois, que je ne pouvais plus observer que sur les mousses limoneuses et les algues flottantes accroch��es au flanc des gondoles. Je ne sais dans quels vagues souvenirs de types divers je fis mouvoir la moins compliqu��e et la plus paresseuse des fictions. Ces types ��taient tout aussi v��nitiens que berrichons. Changez l'habit, la langue, le ciel, le paysage, l'architecture, la physionomie ext��rieure de toutes gens et de toutes choses; au fond de tout cela, l'homme est toujours �� peu pr��s le m��me, et la femme encore plus que l'homme, �� cause de la t��nacit�� de ses instincts.
GEORGE SAND.
Nohant, avril 1851.

I.
Il y a encore au fond de nos provinces de France un peu de vieille
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