tu en avais de reste! et tu gates ta chemise comme si tu en avais une autre! Faquin! perdras-tu tes habitudes de grand seigneur?... Je souffre ... le froid entre dans cette plaie comme un fer rouge. N'importe, je crois que je vais pouvoir travailler. (Mettant ses deux bras sur se t��te.) Mon courage, mon Dieu! ma m��re!... Il faut que j'aille embrasser ma m��re sans la r��veiller, cela me portera bonheur. (Il prend sa lumi��re et sort.) (Il redescend de la soupente d'un air effar��.) Mais o�� est donc la vieille femme? Ma m��re! ma m��re! Qu'est-ce qui a pu me voler ma m��re? Je n'avais qu'elle au monde pour causer mon d��sespoir et conserver mon h��ro?sme. (Il trouvera sa m��re sous l'escalier.) Ah!... ma m��re est morte! Dieu me permet donc de mourir aussi, �� la fin!--Comment! vous ��tes morte, ma m��re? (Il la retire de dessous l'escalier et la regarde.) Oui, bien morte! Froide comme la pierre et raide comme une ��p��e. Ah! ma m��re est morte!... (Il rit aux ��clats et tombe en convulsion.) (Apr��s un silence.)
Mais pourquoi ��tes-vous d��j�� morte? Vous ��tiez bien press��e d'en finir avec la mis��re! Est-ce que je ne vous soignais pas bien? ��tiez-vous m��contente de moi? Trouviez-vous que j'��pargnais ma peine et que je m��nageais mon cerveau? Trouviez-vous mes vers mauvais par hasard, et les critiques de mes envieux vous faisaient-elles rougir d'��tre la m��re d'un si m��chant rimeur? Vous ��tiez un bas-bleu autrefois dans votre village!... Aujourd'hui vous n'��tes plus qu'un pauvre squelette aux jambes nues. Pauvres jambes, vieux os! Je vous avais envelopp��s encore ce soir avec mon pourpoint!... Est-ce ma faute si la doublure ��tait us��e et l'��toffe mince? C'est comme l'��toffe dont vous m'avez fait, ? vieille Meg! J'��tais votre septi��me fils; tous ��taient beaux et grands, musculeux et pleins d'ardeur, except�� moi le dernier venu. C'��taient de vigoureux montagnards, de hardis chasseurs de biches aux flancs bruns; et pourtant, depuis Dougal le Noir jusqu'�� Ryno le Roux, tous sont partis sans songer �� vous conduire au cimeti��re. Il ne vous est rest�� que le pauvre Aldo, le pale enfant de votre vieillesse, le fruit d��bile de vos derni��res amours. Et que pouvait-il faire pour vous de plus qu'il n'a fait? que ne lui donniez-vous comme �� vos autres fils une large poitrine et de males ��paules! Cette petite main de femme que voici pouvait-elle manier les armes du bandit ou la carabine du braconnier? Pouvait-elle soulever la rame du p��cheur et boxer avec l'esturgeon? Vous n'aviez rien esp��r�� de moi, et, me voyant si ch��tif, vous n'aviez m��me pus daign�� me faire apprendre �� lire!--Et quand tous vous ont manqu��, quand vous vous ��tes trouv��e seule avec votre avorton, n'avez-vous pas ��t�� surprise de d��couvrir que je ne sais quel coin de son cerveau avait retenu et comment�� les chants de nos bardes! Quand cette voix gr��le a su faire entendre des m��lodies sauvages qui ont ��mu les hommes blas��s des villes, et qui leur ont rappel�� des id��es perdues, des sentiments oubli��s depuis longtemps, vous avez embrass�� votre fils sur le front, sanctuaire d'un g��nie que vous aviez enfant�� sans le savoir. Eh bien! ne pouviez-vous attendre quelques jours encore? La richesse allait venir peut-��tre. Votre vieillesse allait s'asseoir dans un palais, et vous ��tes partie pour un monde o�� je ne puis plus rien pour vous. Tachez, si vous allez en purgatoire, que les bras de mes fr��res vous d��livrent et vous ouvrent les portes du ciel.... Pour moi, je n'ai plus rien �� faire, ma tache est finie. Toutes les herbes de la verte Innisfail peuvent pousser dans mon cerveau maintenant, je le mets en friche.... Il est temps que je me repose; j'ai assez souffert pour toi, vieille femme, spectre bl��me, dont le souvenir sacr�� m'a fait accomplir de si rudes travaux, apprendre tant de choses ardues, passer tant de nuits glac��es sans sommeil et sans manteau! Sans toi, sans l'amour que j'avais pour toi, je n'aurais jamais ��t�� rien. Pourquoi m'abandonnes-tu au moment o�� j'allais ��tre quelque chose? Tu m'?tes une r��compense que je m��ritais; c ��tait de te voir heureuse, et tu meurs dans le plus odieux jour de notre mis��re, dans la plus rude de mes fatigues! O m��re ingrate, qu'ai-je fait pour que tu m'?tes d��j�� mon unique d��sir de gloire, ma seule esp��rance dans la vie, l'honn��te orgueil d'��tre un bon fils!... Vieux sein dess��ch�� qui as allait�� six hommes et demi, re?ois ce baiser de reproche, de douleur et d'amour.... ( Il se jette sur elle en sanglotant.)--H��las! ma m��re est morte!
SC��NE III.
JANE, ALDO.
JANE.
Est-ce que votre m��re est morte! H��las! quelle douleur!
ALDO.
Ah! tu viens pleurer avec moi, ma douce Jane; sois la bienvenue! Mon ame est bris��e, je n'esp��re plus qu'en toi.
JANE.
Qu'est-ce que je puis
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