Actes et Paroles, vol 4 | Page 8

Victor Hugo
�� l'heure �� M. de Meaux.... (Profond mouvement d'attention.) Et le ministre d'alors fit �� cette question identiquement la m��me r��ponse que le ministre d'aujourd'hui.
Trois mois apr��s, ��clatait ce crime qui s'appellera dans l'histoire le 2 d��cembre.
?Une vive ��motion succ��de �� ces paroles.
?Aucune r��plique de M. de Meaux. Exclamations des s��nateurs pr��sents.
?Le pr��sident du bureau, M. Batbie, fait, tardivement, remarquer que les interpellations aux ministres ne sont d'usage qu'en s��ance publique; dans les bureaux, il n'y a pas de ministre; un membre parle �� un membre, un coll��gue �� un coll��gue; et M. Victor Hugo ne peut pas exiger de M. de Meaux une autre r��ponse que celle qui lui a ��t�� faite.
?--Je m'en contente! s'��crie M. Victor Hugo.
?Et les quinze membres de la gauche applaudissent.?
S��ance publique du s��nat.
--12 JUIN 1877.--
Messieurs,
Un conflit ��clate entre deux pouvoirs. Il appartient au s��nat de les d��partager. C'est aujourd'hui que le s��nat va ��tre juge.
Et c'est aujourd'hui que le s��nat va ��tre jug��. (Applaudissements �� gauche.)
Car si au-dessus du gouvernement il y a le s��nat, au-dessus du s��nat il y a la nation.
Jamais situation n'a ��t�� plus grave.
Il d��pend aujourd'hui du s��nat de pacifier la France ou de la troubler.
Et pacifier la France, c'est rassurer l'Europe; et troubler la France, c'est alarmer le monde.
Cette d��livrance ou cette catastrophe d��pendent du s��nat.
Messieurs, le s��nat va aujourd'hui faire sa preuve. Le s��nat aujourd'hui peut ��tre fond�� par le s��nat. (Bruit �� droite.--Approbation �� droite.)
L'occasion est unique, vous ne la laisserez pas ��chapper.
Quelques publicistes doutent que le s��nat soit utile; montrez que le s��nat est n��cessaire.
La France est en p��ril, venez au secours de la France. (Bravos a gauche.)
Messieurs, le pass�� donne quelquefois des renseignements. De certains crimes, que l'histoire n'oublie pas, ont des reflets sinistres, et l'on dirait qu'ils ��clairent confus��ment les ��v��nements possibles.
Ces crimes sont derri��re nous, et par moments nous croyons les revoir devant nous.
Il y a parmi vous, messieurs, des hommes qui se souviennent. Quelquefois se souvenir, c'est pr��voir. (Applaudissements �� gauche.)
Ces hommes ont vu, il y a vingt-six ans, ce ph��nom��ne:
Une grande nation qui ne demande que la paix, une nation qui sait ce qu'elle veut, qui sait d'o�� elle vient et qui a droit de savoir o�� elle va, une nation qui ne ment pas, qui ne cache rien, qui n'��lude rien, qui ne sous-entend rien, et qui marche dans la voie du progr��s droit devant elle et �� visage d��couvert, la France, qui a donn�� �� l'Europe quatre illustres si��cles de philosophie et de civilisation, qui a proclam�� par Voltaire la libert�� religieuse (Protestations �� droite, vive approbation �� gauche) et par Mirabeau la libert�� politique; la France qui travaille, qui enseigne, qui fraternise, qui a un but, le bien et qui le dit, qui a un moyen, le juste, et qui le d��clare, et, derri��re cet immense pays en pleine activit��, en pleine bonne volont��, en pleine lumi��re, un gouvernement masqu��. (Applaudissements prolong��s �� gauche. R��clamations �� droite.)
Messieurs, nous qui avons vu cela, nous sommes pensifs aujourd'hui, nous regardons avec une attention profonde ce qui semble ��tre devant nous: une audace qui h��site, des sabres qu'on entend tra?ner, des protestations de loyaut�� qui ont un certain son de voix; nous reconnaissons le masque. (Sensation.)
Messieurs, les vieillards sont des avertisseurs. Ils ont pour fonction de d��courager les choses mauvaises et de d��conseiller les choses p��rilleuses. Dire des paroles utiles, dussent-elles para?tre inutiles, c'est l�� leur dignit�� et leur tristesse. (Tr��s bien! �� gauche.)
Je ne demande pas mieux que de croire �� la loyaut��, mais je me souviens qu'on y a d��j�� cru. (C'est vrai! �� gauche.) Ce n'est pas ma faute si je me souviens. Je vois des ressemblances qui m'inqui��tent, non pour moi qui n'ai rien �� perdre dans la vie et qui ai tout �� gagner dans la mort, mais pour mon pays. Messieurs, vous ��couterez l'homme en cheveux blancs qui a vu ce que vous allez revoir peut-��tre, qui n'a plus d'autre int��r��t sur la terre que le v?tre, qui vous conseille tous avec droiture, amis et ennemis, et qui ne peut ni ha?r ni mentir, ��tant si pr��s de la v��rit�� ��ternelle. (Profonde sensation. Applaudissements prolong��s.)
Vous allez entrer dans une aventure. Eh bien, ��coutez celui qui en revient. (Mouvement.) Vous allez affronter l'inconnu, ��coutez celui qui vous dit: l'inconnu, je le connais. Vous allez vous embarquer sur un navire dont la voile frissonne au vent, et qui va bient?t partir pour un grand voyage plein de promesses, ��coutez celui qui vous dit: Arr��tez, j'ai fait ce naufrage-l��. (Applaudissements.)
Je crois ��tre dans le vrai. Puiss��-je me tromper, et Dieu veuille qu'il n'y ait rien de cet affreux pass�� dans l'avenir!
Ces r��serves faites,--et c'��tait mon devoir de les faire,--j'aborde le moment pr��sent, tel qu'il appara?t et tel qu'il se montre, et je tacherai de ne rien dire qui
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