de l'Angleterre par Guillaume Duc de Normandie.
--De l'état où était l'Europe aux Xe et XIe Siècles.
--De l'Espagne et des Mahométans de ce Royaume, jusqu'au commencement du XIIe
Siècle.
--De la Religion et de la Superstition de ces temps-là.
INTRODUCTION.
Plusieurs esprits infatigables ayant débrouillé autant qu'on le peut, le chaos de l'Antiquité,
et quelques Génies éloquents ayant écrit l'Histoire Universelle jusqu'à Charlemagne, j'ai
regretté qu'ils n'aient pas fourni une carrière plus longue. J'ai voulu pour m'instruire de ce
qu'ils ne disent pas, mettre sous mes yeux un précis de l'Histoire, laquelle nous intéresse,
à mesure qu'elle devient plus moderne.[2]
[Note 2: Les lettres majuscules utilisées dans l'édition de Jean Neaulme pour les
substantifs tels que Antiquité, Génie, Histoire, etc. sont conservées dans la présente
édition du project Gutenberg.]
Ma principale idée est de connaître autant que je pourrai, les moeurs des Peuples, et
d'étudier l'Esprit humain. Je regarderai l'ordre des Successions des Rois et la Chronologie
comme mes guides, mais non comme le but de mon travail. Ce travail serait bien ingrat,
si je me bornais à vouloir apprendre seulement en quelle année un Prince indigne d'être
connu, succéda à un Prince barbare.
Il semble en lisant les Histoires, que la Terre n'ait été faite que pour quelques Souverains,
et pour ceux qui ont servi leurs passions; tout le reste est négligé. Les Historiens,
semblables en cela aux Rois, sacrifient le Genre-Humain à un seul homme. N'y a-t-il
donc eu sur la Terre que des Princes; et faut-il que presque tous les Inventeurs des Arts
soient inconnus, tandis qu'on a des suites chronologiques de tant d'hommes qui n'ont fait
aucun bien ou qui ont fait beaucoup de mal? Autant il faut connaître les grandes actions
des Souverains qui ont changé la face de la Terre, et surtout de ceux qui ont rendu leurs
Peuples meilleurs et plus heureux; autant on doit ignorer le vulgaire des Rois, qui ne
servirait qu'à charger la mémoire.
Je me propose de diviser mon étude par Siècles; mais je sens qu'en ne présentant à mon
esprit que ce qui se fait précisément dans le Siècle que j'aurai sous les yeux, je serai
obligé de trop partager mon attention et de séparer en trop de parties les idées suivies que
je veux me faire, d'abandonner la recherche d'une Nation, ou d'un Art, ou d'une
Révolution, que pour ne la reprendre que longtemps après. Je remonterai donc
quelquefois à la source éloignée d'un Art, d'une Coutume importante, d'une Loi, d'une
Révolution. J'anticiperai quelquefois, mais le moins que je pourrai, et en évitant, autant
que ma faiblesse me le permettra, la confusion et la dispersion des idées. Je tâcherai de
présenter à mon esprit une peinture fidèle de ce qui mérite d'être connu dans l'Univers.
Avant de considérer l'état où était l'Europe vers le temps de Charlemagne, et les débris de
l'Empire Romain, j'examine d'abord s'il n'y a rien qui soit digne de mon attention dans le
reste de notre Hémisphère. Ce reste est douze fois plus étendu que la Domination
Romaine, et m'apprend d'abord que ces monuments des Empereurs de Rome, chargés des
titres de Maîtres et de Restaurateurs de l'Univers, sont des témoignages immortels de
vanité et d'ignorance, non moins que de grandeur.
Frappés de l'éclat de cet Empire, de ses accroissements et de sa chute, nous avons dans la
plupart de nos Histoires Universelles traité les autres hommes comme s'ils n'existaient
pas. La Province de la Judée, la Grèce, les Romains se sont emparés de toute notre
attention; et quand le célèbre Bossuet dit un mot des Mahométans, il n'en parle que
comme d'un déluge de Barbares. Cependant beaucoup de ces Nations possédaient des
Arts utiles, que nous tenons d'elles: leurs Pays nous fournissaient des commodités et des
choses précieuses, que la Nature nous a refusées, et vêtus de leurs étoffes, nourris des
productions de leurs terres, instruits par leurs inventions, amusés même par les jeux qui
sont le fruit de leur industrie, nous nous sommes fait avec trop d'injustice une loi de les
ignorer.
ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE.
DE LA CHINE.
En portant ma vue aux extrémités de l'Orient, je considère en premier lieu l'Empire de la
Chine, qui dès lors était plus vaste que celui de Charlemagne, surtout en joignant la Corée
et le Tonkin[3], Provinces alors tributaires des Chinois, environ 29 degrés de longitude et
24 en latitude, forment son étendue. Le corps de cet État subsiste avec splendeur depuis
plus de 4000 ans, sans que les lois, les moeurs, le langage, la manière même de s'habiller
aient souffert d'altération sensible.
Son Histoire incontestable et la seule qui soit fondée sur des observations célestes,
remonte par la Chronologie la plus sûre, jusqu'à une Éclipse calculée 2155 ans avant
notre Ère vulgaire, et vérifiée par les Mathématiciens missionnaires, qui envoyés
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