20000 Lieues sous les mers, part 2 | Page 6

Jules Verne
d'abord une agglom��ration de montagnes, hautes de deux mille pieds environ, dont les formes se modelaient tr��s capricieusement. Le point termin��, je rentrai dans le salon, et lorsque le rel��vement eut ��t�� report�� sur la carte, je reconnus que nous ��tions en pr��sence de l'?le de Ceylan, cette perle qui pend au lobe inf��rieur de la p��ninsule indienne.
J'allai chercher dans la biblioth��que quelque livre relatif �� cette ?le, l'une des plus fertiles du globe. Je trouvai pr��cis��ment un volume de Sirr H. C., esq., intitul�� Ceylan and the Cingalese. Rentr�� au salon, je notai d'abord les rel��vements de Ceyland, �� laquelle l'antiquit�� avait prodigu�� tant de noms divers. Sa situation ��tait entre 5��55' et 9��49' de latitude nord, et entre 79��42' et 82��4' de longitude �� l'est du m��ridien de Greenwich ; sa longueur, deux cent soixante-quinze milles ; sa largeur maximum, cent cinquante milles ; sa circonf��rence. neuf cents milles ; sa superficie, vingt-quatre mille quatre cent quarante-huit milles, c'est-��-dire un peu inf��rieure �� celle de l'Irlande.
Le capitaine Nemo et son second parurent en ce moment.
Le capitaine jeta un coup d'oeil sur la carte. Puis, se retournant vers moi :
? L'?le de Ceylan, dit-il, une terre c��l��bre par ses p��cheries de perles. Vous serait-il agr��able, monsieur Aronnax, de visiter l'une de ses p��cheries ?
-- Sans aucun doute, capitaine.
-- Bien. Ce sera chose facile. Seulement, si nous voyons les p��cheries, nous ne verrons pas les p��cheurs. L'exploitation annuelle n'est pas encore commenc��e. N'importe. Je vais donner l'ordre de rallier le golfe de Manaar, o�� nous arriverons dans la nuit. ?
Le capitaine dit quelques mots �� son second qui sortit aussit?t. Bient?t le Nautilus rentra dans son liquide ��l��ment, et le manom��tre indiqua qu'il s'y tenait �� une profondeur de trente pieds.
La carte sous les yeux, je cherchai alors ce golfe de Manaar. Je le trouvai par le neuvi��me parall��le, sur la c?te nord-ouest de Ceylan. Il ��tait form�� par une ligne allong��e de la petite ?le Manaar. Pour l'atteindre, il fallait remonter tout le rivage occidental de Ceylan.
? Monsieur le professeur, me dit alors le capitaine Nemo, on p��che des perles dans le golfe du Bengale, dans la mer des Indes, dans les mers de Chine et du Japon, dans les mers du sud de l'Am��rique, au golfe de Panama, au golfe de Californie ; mais c'est �� Ceylan que cette p��che obtient les plus beaux r��sultats. Nous arrivons un peu t?t, sans doute. Les p��cheurs ne se rassemblent que pendant le mois de mars au golfe de Manaar, et l��, pendant trente jours, leurs trois cents bateaux se livrent �� cette lucrative exploitation des tr��sors de la mer. Chaque bateau est mont�� par dix rameurs et par dix p��cheurs. Ceux-ci, divis��s en deux groupes, plongent alternativement et descendent �� une profondeur de douze m��tres au moyen d'une lourde pierre qu'ils saisissent entre leurs pieds et qu'une corde rattache au bateau.
-- Ainsi, dis-je, c'est toujours ce moyen primitif qui est encore en usage ?
-- Toujours, me r��pondit le capitaine Nemo, bien que ces p��cheries appartiennent au peuple le plus industrieux du globe, aux Anglais, auxquels le trait�� d'Amiens les a c��d��es en 1802.
-- Il me semble, cependant, que le scaphandre, tel que vous l'employez, rendrait de grands services dans une telle op��ration.
-- Oui, car ces pauvres p��cheurs ne peuvent demeurer longtemps sous l'eau. L'Anglais Perceval, dans son voyage �� Ceylan, parle bien d'un Cafre qui restait cinq minutes sans remonter �� la surface, mais le fait me para?t peu croyable. Je sais que quelques plongeurs vont jusqu'�� cinquante-sept secondes, et de tr��s habiles jusqu'�� quatre-vingt-sept ; toutefois ils sont rares, et, revenus �� bord, ces malheureux rendent par le nez et les oreilles de l'eau teint��e de sang. Je crois que la moyenne de temps que les p��cheurs peuvent supporter est de trente secondes, pendant lesquelles ils se hatent d'entasser dans un petit filet toutes les hu?tres perli��res qu'ils arrachent ; mais, g��n��ralement, ces p��cheurs ne vivent pas vieux ; leur vue s'affaiblit ; des ulc��rations se d��clarent �� leurs yeux ; des plaies se forment sur leur corps, et souvent m��me ils sont frapp��s d'apoplexie au fond de la mer.
-- Oui, dis-je, c'est un triste m��tier, et qui ne sert qu'�� la satisfaction de quelques caprices. Mais, dites-moi, capitaine, quelle quantit�� d'hu?tres peut p��cher un bateau dans sa Journ��e ?
-- Quarante �� cinquante mille environ. On dit m��me qu'en 1814, le gouvernement anglais ayant fait p��cher pour son propre compte, ses plongeurs, dans vingt journ��es de travail, rapport��rent soixante-seize millions d'hu?tres.
-- Au moins, demandai-je, ces p��cheurs sont-ils suffisamment r��tribu��s ?
-- A peine, monsieur le professeur. A Panama, ils ne gagnent qu'un dollar par semaine. Le plus souvent, ils ont un sol par hu?tre qui renferme une perle, et combien en ram��nent-ils qui n'en contiennent pas !
-- Un sol ��
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