Éloge du sein des femmes | Page 9

Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
chanté le sein dans les stances suivantes:
Beau sein, belles bouches d'yvoire,?Vivants objects de ma memoire,?Cheres delices de mes jours,?Qui dedans vos rondes espaces?Cachez la demeure des Graces?Et la retraicte des Amours.
Gorge de lys, pommes d'albatre?De qui mon oeil est idolatre,?Source des amoureux desirs.?Parfait assemblage de charmes,?Digne sujet de tant de larmes,?De tant de vers et de soupirs:
Objects d'eternelle allegresse,?Petits messagers de jeunesse,?Petits gemeaux ambitieux,?Qui desja pour vous trop cognestre?Ne faisant encor que de naistre,?Vous enflez d'orgueil à nos yeux.

Plus heureux qui pour vous soupire;?Le mal qu'il se plaist d'endurer:?Mais, ? merveille que j'adore,?Je tiens bien plus heureux encore?Celuy qui vous fait souspirer.
Charles Cotin nous fait voir dans le sonnet suivant _sur les tétons_, qu'ils doivent être fermes, ronds, et bien écartés l'un de l'autre.
Tandis que deux voisins sans se joindre véquirent,?Tous deux également de tous furent aimez;?Tous deux enflez d'orgueil et de grace animez.?Partagèrent entr'eux l'honneur qu'ils acquirent;
Tous deux avoient quinze ans à l'age qu'ils naquirent;?Tous deux sur même moule ils paraissoient formez;?L'un l'autre ils se fuyoient de dépit enflammez,?L'un à l'autre enviant les conquêtes qu'ils firent.
Bien qu'un prince passat, ils ne s'ébranloient point;?Mais enfin leur orgueil s'enfla jusqu'à ce point,?Que leur triste union commen?a de paro?tre.
Ils se baisèrent tant, qu'ils en firent pitié;?L'amour de tous naquit de leur inimitié,?Et de leur union le mépris vint à na?tre.
M. Le Pays para?t être du même go?t, quand il dit à son Iris, dans le portrait qu'il fait d'elle:
?Votre gorge semble avoir été faite au tour; et l'on peut dire que c'est une beauté achevée. Votre sein est digne de votre gorge; il est blanc, gras et potelé. Les deux petits globes qui le composent ne sont éloignez que de deux doigts, et cependant je suis assuré que de leur vie ils ne se sont baisez, quoi qu'ils soient frères, et qu'ils deussent bien s'aimer, si la ressemblance fait l'amitié.?
L'auteur de la chanson picarde, qui commence par ces mots: _Ton himeur est, Catherene_, les aimait aussi avec cette qualité; il fait dire à l'amant:
Pour ta bouche elle est plus rouge?Que n'est la creste d'un cocq;?Et ta gorge qui ne bouge,?Paroit plus ferme qu'un roc.
Une belle gorge étant la meilleure recommandation que puisse avoir une femme, elle ne saurait trop la voiler pour la garantir du hale; car il en est peu de privilégiées aujourd'hui à qui l'on puisse adresser ce madrigal:
On a beau dire, Iris, pour louer votre teint,
Que sa blancheur est sans seconde:?Pour moi qui ne dis rien de flatteur ni de feint,?Je soutiens qu'il en est une plus grande au monde.
N'en déplaise à la vanité?De votre superbe visage;?Vos tétons, belle Iris, en bonne vérité,?Voudroient-ils en blancheur lui céder l'avantage?
_La Puce de Mme des Roches_, Paris, 1583, in-4o; 1610, in-8o. Réimprimé, 1868, Paris, Jouaust, petit in-8o.
On sait quelle fut l'origine de ce recueil. La haute société de Poitiers s'honorait alors de deux dames appartenant à la race des _Précieuses_, de Molière, c'étaient Mme des Roches et sa fille Catherine. Po?tes elles-mêmes, mais dans une mesure très-restreinte, elles réunissaient autour d'elles une société de beaux esprits. Les Grands-Jours, tenus à Poitiers en 1579, amenèrent autour de ces dames tous les magistrats que cette solennité avait appelés dans cette ville. Un jour, étienne Pasquier aper?ut une puce qui s'était ?parquée au beau milieu du sein? de Mlle des Roches; il fit remarquer la témérité de l'animal; il s'ensuivit quelques propos badins; l'incident provoqua d'abord l'échange de deux pièces de vers entre Pasquier et Mlle des Roches; les savants magistrats, prenant fait et cause, se mirent à célébrer la puce en fran?ais, en latin, en espagnol, en grec même. Pasquier recueillit ces divers morceaux; de là vint le volume qui devait avoir pour titre: _la Puce de Mlle des Roches_, car ce ne fut pas madame sa mère qui fut l'héro?ne de l'aventure. L'uniformité du sujet donne à ces compositions une teinte de monotonie, mais la forme en est toujours agréable, et on y trouve de gracieux détails. L'éditeur de 1868 a suivi le texte de l'édition de 1610, en notant les principales variantes (les préfaces des deux éditions sont tout à fait différentes); il s'est borné à reproduire les pièces fran?aises.
Nous nous contenterons de citer la pièce ci-dessous, d'étienne Pasquier. Elle résume à elle seule tout ce que les autres po?tes en ont pu dire.
LA PUCE.
Ainsi que dedans le pré,?D'un vert émail diapré,?On voit que la blonde avette?Sur les belles fleurs volette,?Pillant la manne du ciel,?Dont elle forme son miel;?Ainsi, petite pucette,?Ainsi, puce pucelette,?Tu voles à taton?Sur l'un et l'autre téton;?Or, ayant pris ta posture,?Tu t'en viens à l'aventure.?Soudain après héberger?Au milieu d'un beau verger,?Paradis qui me réveille,?Lorsque plus elle sommeille:?Là, prenant ton bel ébat,?Tu lui livres un combat,?Combat qui aussi l'éveille,?Lorsque plus elle sommeille.
Je ne veux ni du taureau,?Ni du cygne, blanc oiseau,?Ni d'Amphytrion la forme,?Ni qu'en pluye on me transforme.?Puisque ma
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